La Lorada
La visite guidée de l’une des plus surprenantes demeures de la côte.
Depuis plusieurs décennies la presqu’île tropézienne abrite les nuits du showbizz national et international et les plus surprenantes demeures de la côte. Visite guidée de l’une d’entre elles.
Certains fans n’ont vu que son portail bleu turquoise représentant de fougueux chevaux, les amateurs de presse « people » ont pu la découvrir sur papier glacé en vedette lors de soirées jet-set. Les Tropéziens, pour leur part, évoquent souvent la sublime piscine, l’une des plus grandes de la Côte d’Azur avec pas moins de 500 m3, ses îles et ses rochers, sa cascade et son jacuzzi situé à cinq mètres de hauteur. On pourrait adopter une attitude pseudo-intellectuelle, dire que l’on est bien au-dessus de tout cela, que l’indiscrétion légèrement voyeuriste contenue dans cette visite ne nous grise pas… Difficile pourtant de réprimer un petit pincement lorsque l’on emprunte l’allée de réception. Impossible de couper court aux fantasmes inhérents au lieu. Reprenons…
A Ramatuelle, dans le prestigieux quartier de l’Oumède et surplombant les plages de Pampelonne, la propriété développe deux hectares de terrain et 1000 m2 de surface résidentielle et de dépendances. Dès l’entrée, le ton est donné : en contrebas sur la gauche, un tennis, à proximité, des vignes et une piste d’hélicoptère, pas un ridicule et ostentatoire cercle de gazon marqué d’un H immaculé, mais plutôt une clairière qui ne découvre sa fonction que lorsqu’elle est observée depuis le ciel. Il s’agit peut-être là d’un détail, mais il s’avère significatif : alors que l’on s’attend à une débauche de luxe, on se sent bien obligé d’admettre qu’il n’en est rien. Ainsi, la maison rose aux volets bleus et aux tuiles anciennes échappe à la massivité en s’étalant le long du jardin, elle épouse subtilement le dessin du littoral, à quelques centaines de mètres à vol d’oiseau. De plain-pied pour une large part, elle domine la fameuse piscine. Réparti sur deux niveaux, le parc, où s’épanouissent des oliviers, des lauriers et des pitosporums, s’articule autour d’elle à la manière d’un Eden de beauté et de quiétude. L’architecte, Roland Morisse, a conçu le projet sur le thème de l’hacienda mexicaine. On ne s’étonne donc pas de l’enseigne en bois portant le nom de « Lorada » ou de l’étrange patio pavé avec ses cactées, sa fontaine centrale rehaussée de papyrus et de nénuphars, de la pierre sculptée aux allures de totem en guise d’encadrement de porte, ni même de la charge de bisons, peinte sur un pan entier de mur. Outre son côté pittoresque, la cour intérieure possède l’immense avantage de rendre le séjour traversant. Ce dernier bénéficie ainsi d’une ouverture sur l’espace piscine et la vue mer à l’avant et sur le surprenant patio à l’arrière. L’immense canapé en forme de L, recouvert de coussins aux motifs hispanisants, constitue le cœur de la pièce. Simple, la décoration fait la part belle aux carreaux anciens et aux menuiseries naturelles, aux éléments en maçonnerie et aux charpentes apparentes en red cedar, aux teintes éclatantes et au mobilier De Tonge. La circulation de la bâtisse répond à une logique parfaite. A gauche du salon, la salle à manger dont la particularité réside dans le plafond en voûtes d’arête, la lourde table ronde en bois et le buffet mexicain, peu après, la cuisine en carreaux colorés organisée autour du piano professionnel signé Molteni. A droite, l’espace nuit : quatre chambres qui répondent aux noms des couleurs qui les caractérisent avec leurs salles de bains en céramique. Au premier étage, l’espace maître : une chambre entièrement ouverte sur un petit salon et sur une salle de bains en marbre de Carrare avec des incrustations de détails bleus façonnés dans le même matériau. A l’exception du dressing en boiserie, le blanc et le beige dominent largement. On apprécie les tropéziennes situées au sud et à l’ouest et la magnifique vue mer. Les terrasses exposées ou couvertes, aménagées ou épurées, jouent un rôle primordial dans la qualité de vie offerte par cette propriété. Elles invitent à la détente et au « farniente ». Elles répondent parfaitement aux attentes quant à l’imaginaire lié à la région. Au nombre des dépendances, on compte un studio, d’immenses salles de sport équipées d’appareils de musculation, de sac de frappe, de table de massage, un vestiaire et un hammam en pâte de verre, des salles techniques et des pièces réservées au personnel.
By Laetitia Rossi - Photos Edith Andreotta.