Près de lorgues... le Château du Mont
Aujourd’hui à la vente, cet élégant chateau nous ouvre ses portes.
Là où l’on s’attendrait à voir un mas en pierre ou une demeure provençale, au terme d’une allée bordée d’arbres, le château surplombe un jardin à la française. Aujourd’hui à la vente, il nous ouvre ses portes.
La construction de la bâtisse remonte au XVIIIe siècle, aux alentours de 1750. Mais le domaine s’avère antérieur. En 1307, l’ordre des Templiers le cède à celui de Saint-Jean de Jérusalem. Il appartient tour à tour au clergé et à la noblesse avant de devenir, à la Révolution, bien national. De 1865 à 1923, la famille Leclerc de Juigne de Lassigny en assume la propriété. Puis c’est au tour du Vicomte de Rohan Chabot, colonel de cavalerie et époux de Marie d’Agay, d’en prendre la direction. Se succèdent enfin les Davet-Chapet et l’actuel propriétaire. L’homme se montre discret sur ses origines aristocratiques. La visite des lieux et l’observation des objets laissent imaginer qu’il a parcouru des contrées lointaines et qu’il en a admiré les civilisations autant qu’il respecte le patrimoine français. Autrefois, l’endroit abritait de la vigne. Sa division donne naissance à deux entités, seule l’une d’entre elles est désormais dédiée à la culture du vin. L’autre développe treize hectares (huit hectares de bois et de terre et cinq hectares de parc), reçoit un château de 800 m2, rénové, et présente 1000 m2 de bâtiments cadastrés.
Le lourd portail de fer et l’allée ombragée franchis, il s’agit d’emprunter les quelques marches qui mènent à la terrasse : un bassin, une fontaine, encore un escalier marqué par la présence de deux lions, un second espace et le château, souvenir sublime d’une époque révolue. Rien d’ostentatoire dans l’architecture, mais plutôt une élégante sobriété : une tour dissimulée par du lierre sur la partie droite, des fenêtres à l’ancienne et une épaisse porte sur laquelle une imposante tête de lion vient frapper. A l’intérieur, le charme opère sur le mode nostalgique. L’austérité du hall de réception en marbre de Carrare se voit nuancée par le bois, celui de la bibliothèque et son étonnant plafond à caissons, ou encore du séjour, un ancien jardin d’hiver. La cheminée Louis XVI en pierre rose reste la pièce maîtresse du salon lambrissé et doré à la feuille d’or. Les espaces intimes se multiplient : fauteuils, consoles, bureaux, tableaux, tapis et autres lustres à pampilles... Des antiquités qui prouvent que, dans une demeure de ce type, la mémoire importe autant que le bon goût. Ici, un secrétaire rappelle un temps où le genre épistolaire régissait les rapports humains. Là, des armoiries et des clés, sans doute celles de la famille. Le hall dessert également la salle à manger. Outre l’imposante table, on observe la tenture murale et les miniatures chinoises. Attenante à la précédente, une pièce renferme la vaisselle et l’argenterie. Le château s’élève sur trois niveaux et n’arbore pas moins de onze chambres. Au détour d’une vitrine, on remarque une collection de dentelle fine ; soudain, une autre de porcelaine. Dans les étages, des peintures d’inspiration biblique réhaussent les couloirs de circulation.
Depuis chaque fenêtre, orientée au sud et à l’abri des vents dominants, l’œil se fixe sur l’extérieur : les deux terrasses d’accès, et, suffisamment rare dans la région pour être signalé, le jardin à la française, auquel répondent les jarres de buis. Les pins et les chênes se côtoient harmonieusement dans le parc. Plus moderne, l’espace piscine affiche une plage dallée et un appartement d’été surmonté d’un pigeonnier, entre gazon et massifs fleuris.
Le bâti comme les éléments décoratifs chantent l’histoire. La terre et les végétaux renferment la mémoire des siècles passés. Plus qu’un genre architectural, le château correspond à un style de vie. Chaque pierre abrite un peu de cette humanité.
Par Laetitia Rossi - Photos Edith Andreotta