Un air de Japon à Bastille
Ancienne demeure du couturier japonais Kenzo, cette maison posée entre Bastille et la Place des Vosges, est exceptionnelle à plus d’un titre. Un lieu de vie tout entier tourné vers la nature qui est allé chercher son inspiration du côté du pays du Soleil Levant. Tellement apaisant...
Rien ne se devine depuis la rue Sedaine. Comment imaginer que derrière la façade classique de cet immeuble se niche un tel trésor ? La surprise va crescendo. Il y a d’abord la petite cour où l’on aperçoit les contours d’une maison d’architecte toute de bois vêtue. Puis le grand portail s’ouvre sur un porche capturant des voitures et nous amène doucement vers l’entrée de la maison qui tout de suite impressionne par sa superficie. Cet ancien hangar désaffecté a opéré une métamorphose spectaculaire sous la houlette de l’architecte Loïk Corre qui l’a transformé en 1991 en un authentique havre de paix selon les principes de l’harmonie Feng shui chers à Kenzo Takada. Sur trois niveaux la maison multiplie les mètres carrés, les terrasses et les patios. Dans un labyrinthe de pièces, elle offre à la lumière, au calme et à la nature les rôles principaux. La sérénité habite ces murs intensément boisés tandis qu’un sublime jardin japonais pose la contemplation en art de vivre. Peuplé d’arbres et de verdure, il fait serpenter entre ses pierres ramenées de l’archipel nippon, une rivière artificielle qui murmure son chant apaisant. Tout autour, transats et bancs font la promesse de moments à part : on pourrait y rester des journées entières sans jamais s’ennuyer. Au rythme des couleurs du ciel que l’on aperçoit par les baies vitrées et la verrière, le salon principal offre un grand bain de lumière et de douceur avec sa piscine intérieure qui pose avec élégance l’élément eau. Une rencontre des éléments que l’on retrouve mis en scène dans chaque pièce de cette demeure qui fait cohabiter magistralement matériaux et nature. Partout de l’espace, du bois, du vert, du ciel : des salons aux deux immenses cuisines, des chambres situées aux étages supérieurs qui s’ouvrent sur des terrasses parfumées de jasmin à la salle de sport qui voisine avec un hammam jusqu’au petit salon qui s’est offert un peu de hauteur en mezzanine. Teintes apaisantes, courbes épurées et trésors d’ailleurs dessinent une atmosphère particulière qui raconte bien plus qu’un décor, elle fait sens. Dans un dédale enchanteur qui fait respirer l’espace sans jamais subir les désagréments d’un vis-à-vis, cette demeure apaise l’esprit et accroche le calme comme nulle autre.
« Il n’y a pas d’équivalent à cette maison dans Paris, souligne Emmanuel de Poulpiquet, directeur de l’agence Féau Marais, c’est un geste architectural unique. Sa taille, le volumes des pièces, le jardin, les terrasses, le partis pris décoratif aux influences japonaises, en fait un produit d’exception vraiment à part. »
Daniel Féau Marais, 32 rue de Turenne, Paris 3 (01 44 54 15 30).