Cannes Croisette, vue sur le Palais des Festivals
Chaque année, La Croisette fait son show, accueillant en grande pompe l’incontournable Festival International du Film. Le soleil règne alors en maître absolu sur le littoral cannois, ses palaces et ses boutiques de luxe. Une « quinzaine strass et paillette », que quelques happy few logés à quelques mètres du Palais des Festivals reconduisent à l’année.
Majestic-Barrière, Carlton et Martinez donnent le ton, tandis que le très commerçant centre cannois s’anime juste derrière les plages de sable blond. L’histoire de l’un des axes les plus célèbres du monde remonte à 1853. Marius Barbe, alors maire de Cannes, demande à l’Etat la concession du littoral pour y aménager une promenade. Les propriétaires riverains, trois ans plus tard, réalisent une artère de 5 mètres de largeur, qui devient voie carrossable en 1863. Débute alors la construction d’hôtels, de villas et du cercle nautique. Quel chemin parcouru jusqu’au XXIe, le siècle de la consécration lorsque le classement conjointement réalisé par Knight Frank et Citi Private Bank place Cannes au 6e rang mondial des places immobilières juste derrière Londres, New York, Tokyo, Hong-Kong et Monaco.
« Alors que la crise internationale bat son plein, La Croisette, à l’instar la principauté monégasque, se maintient. Le quartier sélect allie une situation centrale à une vue mer imprenable. Sa renommée, qu’il doit en partie à la visite annuelle des stars hollywoodiennes, dépasse largement les frontières du pays », précise Jean-Christophe Hym de l’agence Europa. Depuis deux ans, les valeurs sont stables. Il s’agit de distinguer le centre Croisette, sans nul doute le plus prisé, de Palm Beach, plus excentré, orienté à l’ouest et par conséquent légèrement moins cher. Les prix varient, ensuite, considérablement, d’un immeuble à l’autre, selon l’âge et les qualités intrinsèques du bâti, la présence d’un parking, d’une terrasse ou encore la vue. Fréquemment, les 2e et 3e niveaux sont pénalisés par le feuillage des arbres qui obstrue le panorama azur. Les constructions anciennes, Le Henri IV et Le Marly, tiennent la dragée haute aux plus récentes, Le Relais de la Reine, Le 67 Croisette et Le Centre Croisette. Le penthouse remporte tous les suffrages, arborant un tarif, à surface et finitions équivalentes, parfois supérieurs de 30 % à l’étage d’en dessous. Le ticket d’entrée de La Croisette débute à 20.000 €/m2, la moyenne oscille entre 25.000 et 30.000 €/m2, quand le haut du panier surfe parfois avec les 40.000 €/ m2.
« Le secteur justifie un fort engouement de la part des fortunés ressortissants des pays émergeants », complète Peter Ivantsov de l’agence Michaël Zingraf Christie’s International Real Estate. Le tiers des acheteurs, originaire d’Europe de l’Est, côtoie sur La Croisette des Scandinaves, des Anglo-Saxons ou des Italiens. Situé à 1h00 d’avion de Paris, 1h30 de Londres, 3h00 d’Oslo, 3h30 de Moscou et 6h00 de Dubaï, Cannes possède l’avantage géographique. 90 % des acquéreurs de La Croisette investissent en secondaire, convaincus de détenir un placement pérenne. La plupart, chefs d’entreprise ou capitaines de l’industrie, ont entre 40 et 60 ans et achètent ici comme ils le feraient à Monaco ou Saint-Tropez, mus par le prestige de l’adresse. S’ils préfèrent d’emblée la portion comprise entre Le Martinez et Le Majestic Barrière, ils se laissent parfois séduire par les beaux appartements de Palm Beach, le calme et les levers de soleil. Le toit-terrasse possède tous les avantages de la maison individuelle sans les inconvénients. Confidentiel à souhait avec son ascenseur souvent privatif, il se coiffe régulièrement d’une petite piscine ou d’un jacuzzi entouré de végétation.
« Les prix records sont clairement atteints par les surfaces rares, soit au-delà de 150 m2 », indique Frédéric Ernandes de l’agence John Taylor. L’an dernier, un industriel russe s’offre un dernier étage en duplex en plein cœur de La Croisette, 152 m2 habitables et 70 m2 de terrasses, moyennant 7.650.000 € après une légère négociation. 50.000 €/m2 est un ratio rare en France, un barème jusque-là plus régulièrement appliqué à Monaco. Traditionnellement, La Croisette ose des incursions à 30.000 €/m2, la somme requise pour deux appartements parfaitement rénovés sis face au Port Canto vendus par John Taylor. La simple évocation du littoral cannois résonne comme une carte de visite, un label. Concrètement, il est la promesse d’un art de vivre sous le soleil azuréen, entre plages, boutiques de luxe et restaurants branchés.