Charmes cachés du Luberon
Sa clientèle internationale n’a de cesse que d’évoquer le goût de la nature, des grands espaces et des rassemblement familiaux, le sacro-saint retour aux sources et à l’authenticité du bâti comme des rapports avec le voisinage qu’elle croise volontiers à la terrasse d’un café de village. Discrète à souhait, elle n’en est pas moins attachée aux belles choses… Focus sur un secteur aussi prisé que confidentiel.
Le fameux massif s’étend des Alpes de Haute-Provence au Vaucluse. 60 km de long pour 5 km de large, le parc naturel régional arbore des terres agricoles et deux appellations de vins d’origine contrôlée. Situés à 70 km de Marseille, les villages perchés aux accents médiévaux regardent la vallée et les voies d’accès. Les bâtisses en hauteur rappellent un temps où hommes et animaux partageaient le logis. Les maisons à terre sont le legs à la postérité des riches cultivateurs d’antan. Comme leur nom l’indique, les maisons à cour s’articulent autour d’une cour centrale, avec murs d’enceinte et tours d’angle. Mais ce sont les bories, constructions de pierres sèches, qui symbolisent plus encore le secteur. Le Luberon célèbre, cette année, les 40 ans du parc naturel régional, quatre décennies de festivals, à Taillades, Gordes, Oppède, Robion ou encore Lacoste, jadis résidence du sulfureux Marquis de Sade. Ansouis, Ménerbes, Roussillon, Lourmarin et Gordes arborent fièrement le label « Plus beaux villages de France ». Le succès mondial de Peter Mayle, « Une année en Provence », porte haut la réputation du Luberon. Ici, le tourisme est culturel, détente ou vert. Il constitue l’une des principales sources de revenu, comme l’agriculture et l’immobilier.
« Sa situation stratégique, à quelques encablures d’un aéroport international et de deux gares TGV, à Avignon et à Aix-en-Provence, facilite l’accès des Français et étrangers aux paysages sauvages, aux galeries d’art, aux marchés provençaux, aux domaines viticoles et aux nombreuses festivités qui égrainent le calendrier », introduisent Céline Pourrot et Christine Conrad de Valancogne & Partners. La région se distingue notamment par ses authentiques propriétés : ses mas anciens, ses demeures de caractère, ses bastides de maîtres, ses maisons de village et ses magnaneries. Depuis quelques années, le marché, marqué par un déséquilibre en faveur de l’offre, appartient aux acquéreurs. Les prix se voient couramment négociés. Depuis 2016, l’heure est à la reprise ; les tarifs se révèlent, désormais, stables et les ventes augmentent.
« 85 % des acquéreurs visent la résidence secondaire. 60 % d’entre eux sont étrangers. Belges, Suisses et Scandinaves arrivent en tête. La majorité multiplie les séjours tout au long de l’année et passent finalement plusieurs mois sur place », précisent Joy Mason et Marion Lopez de l’agence Joys of Provence. Certains exploitent leur bien en location saisonnière, conscients de pouvoir retirer 2000 € la semaine d’été pour une maison acquise aux alentours de 500.000 € - une construction moderne de deux ou trois suites avec jardin et piscine - ou de 3000 à 5000 €/semaine en échange d’une propriété estimée entre 1,5 et 2 M €. Les clients du haut de gamme, difficiles à satisfaire, recherchent l’authenticité, préfèrent le bien clé en mains, apprécient les intérieurs au goût du jour et la domotique dernier cri. Ils veulent une vue dégagée tout autant que l’accessibilité pédestre d’un village convivial, au nombre desquels figurent Saint-Saturnin-lès-Apt, Roussillon ou Goult. A 1,5 M €, ils obtiennent 300 m2 habitables sur des parcelles de 3000 m2 à 3 ha cernées de garrigue. La gamme intermédiaire se révèle plus à la peine. L’offre est limitée, à l’instar de la demande. Le Luberon recèle des trésors cachés. Comme cette propriété, jadis dans le giron de la famille de Rothschild : un jardin à la française, une configuration en hameau complétée dans les années 1960, une vue époustouflante sur Ménerbes, 24 chambres dans un domaine de 16,5 ha - une catégorie de bien au-delà de 10 M €.
« L’agence Emile Garcin est spécialisée dans les biens de caractère, sélectionnés selon leur authenticité, leur environnement serein et leur adresse privilégiée », décrit Stéphane Abeil. Tous plébiscitent Goult, Oppède, Roussillon et le Triangle d’Or formé par Gordes, Ménerbes et Bonnieux. Certains reprochent à Gordes et Roussillon l’afflux incessant de touristes en été. Un désagrément largement compensé par le charme des lieux. L’offre fait le grand écart entre une maison de village avec terrasse, jardin et petite piscine, à 500.000 €, et des biens d’exception autour de 5 M €, quand le cœur de la demande se situe, chez Emile Garcin, entre 800.000 et 1,5 M €. Cette maison paisible sise sur un terrain de 2400 m2 avec piscine, à 2 mn à pied du village de Ménerbes, 230 m2 habitables, réunit des adeptes, prêts à débourser 1.250.000 €. Depuis un semestre, le marché se montre particulièrement actif, alors que la période hivernale est traditionnellement calme, même si la fréquentation y est alors qualifiée.
