Grimaud et Sainte-Maxime, la diversité varoise
Un bourg médiéval, un domaine privé et une cité lacustre… La première arbore au moins trois visages différents. Aussi familiale qu’élégante, la seconde s’inscrit comme une alternative discrète et plus accessible à Saint-Tropez. Direction deux communes du golfe, entre charme marin et ambiance bucolique…
Dès que l’on évoque Grimaud, 4250 âmes, il convient de distinguer le village moyenâgeux, sis en retrait du littoral, de Beauvallon, sa façade maritime et de Port-Grimaud, la cité lacustre haute en couleurs - 12 km de quais, des espaces verts et des jardins aménagés à partir de 1966 d’après les plans de l’architecte François Spoerry. Sainte-Maxime est une ville à part entière avec son choix fourni de commerces et de services. 13.750 personnes l’habitent à l’année ; 60.000 l’occupent en été. Bénéficiant de 300 jours de soleil par an, elle développe 11 km de côtes baignées par la Méditerranée et multiplie les plages, de La Croisette, Guerrevieille et La Madrague, à l’ouest, à La Nartelle et La Garonnette, à l’est. Protégé des vents violents par le massif des Maures, elle regarde Saint-Tropez. Le quartier du Sémaphore, culminant à 127 mètres au-dessus du niveau de l’eau, offre une vue magnifique sur le golfe, le relief varois et la bande littorale des caps Sardineau à Saint-Pierre. La belle défend farouchement son authenticité. En témoignent ses maisons coiffées de tuiles ou son marché qui fleure bon la Provence. En haute saison, la municipalité organise une quarantaine de spectacles et autres concerts.
« Le village de Grimaud suscite l’intérêt d’une clientèle étrangère francophile et souvent francophone, amatrice de vieilles pierres et de cachet, désireuse de se fondre pleinement dans la population locale, de respecter ses rythmes et ses traditions », introduit Céline Delbergue de Chesterton. Dernièrement, l’un d’entre eux débourse 550.000 € en échange de 100 m2 dans le cœur historique, prolongés par des terrasses et orientés sur la campagne environnante. Une maison templière de 230 m2 au total, surmontée d’un toit-solarium de 60 m2 dominant les collines et la baie de Pampelonne, avoisine, actuellement, 1 M €. Les acquéreurs étrangers n’hésitent pas à rafraîchir les biens. Maintenant, ils se montrent peu enclins à procéder à une refonte intégrale. Beauvallon est un micromarché, axé sur le service et la pratique du golf. Les Parcs se révèle particulièrement pointu en la matière. Outre l’accès aisé au parcours, l’ensemble recèle des tennis et assure la gestion des propriétés, de la surveillance poussée à l’entretien des jardins. Les charges sont élevées, mais elles ont le mérite de débarrasser l’usager de tout souci d’intendance. Le ticket d’entrée se situe ici aux environs de 1,5 M € - une somme requise pour quatre chambres en bon état sur une parcelle de 1600-2000 m2. En montant vers Beauvallon-Bartole, les prix grimpent dans la mesure où le relief autorise des vues plongeantes sur le golfe, atteignant parfois 3-4 M €. Sur Port-Grimaud, les tarifs dépendent de la surface habitable, de la situation dans la cité et de la capacité d’amarrage. Les plaisanciers du monde entier préfèrent la partie sud, autrement dit Grimaud II, proche de la plage et moins sujette au passage des touristes. Difficile de trouver des appontement de 25 mètres et plus, pourtant très demandés.
« Une villa de 300 m2 sur une parcelle joliment arborée de 3000 m2 située à Beauvallon s’échelonne de 3,5 à 6 M €. Une bâtisse en excellent état de 100 m2, une piscine sur le quai et un amarrage de 10 mètres à Port-Grimaud se négocient 1,7 M €, un chiffre susceptible d’augmenter dès que la référence justifie d’une configuration spéciale, d’une position d’angle par exemple », précise Jean-Marc Blatgé du Cabinet Blatgé - Agence Guerrevieille. « Les appartements neufs du centre de Sainte-Maxime oscillent de 6000 à 10.000 €/m2. Récemment, un dernier étage de 100 m2 traité façon loft change de mains moyennant 1 M €. Des seniors en quête de fonctionnalité recherchent là des copropriétés luxueuses et confortables, caractérisées par de vastes extérieurs et des panoramas azur. » Manifestement, les promoteurs n’ont pas encore répercuté cette tendance dans leur offre. A l’exception peut-être du Groupe Maison Blanche qui commercialise, en ce moment même, « Villa Maxima », neuf appartements dont deux penthouses entre 1,4 et 2,6 M € déjà vendus à près de 50 %. Le Sémaphore et La Nartelle remportent, ensuite, tous les suffrages, sans doute grâce aux sublimes vues mer. Une bastide de 600 m2, édifiée dans un parc de 6000 m2, vaut là plus de 5 M €, un seuil rarement dépassé sur cette partie du golfe. La campagne grimaudoise, un secteur fort agréable, réunit également des adeptes, capables de dépenser 2,5 M € contre un rendez-vous de chasse du XVIIIe siècle - 500 m2 habitables sur 5000 m2. Les acheteurs potentiels sont originaires du Benelux, d’Allemagne, des pays scandinaves, voire de Russie. Pas loin de 50 % demeurent français.
« L’engouement pour le segment pied dans l’eau ne cesse de croître à Sainte-Maxime comme à Grimaud. Beaucoup souhaitent, en effet, s’éloigner des embouteillages de Saint-Tropez, d’autant que les navettes maritimes régulières permettent de rallier la festive destination », complète Sonia Kovac de Waterfront Property, le spécialiste du genre dans les Alpes-Maritimes et le Var. Parmi les références disponibles, il convient de citer une villa restaurée de 220 m2, ouverte sur un jardin de 1500 m2, une piscine et une plage de sable blond, à 3,5 M €, une unité à rafraîchir, toujours à Sainte-Maxime, de 280 m2 sur 2000 m2 avec plan d’eau et garage à bateau, à 4,2 M € et une villa de 180 m2, sur 2000 m2, affichée à 4 M € parce qu’il s’avère possible de la doter de deux chambres supplémentaires et d’une piscine. Sur la commune de Grimaud, une belle demeure 1920 d’environ 300 m2, dans un jardin de 2400 m2 entouré de sable, tourne aux alentours de 10 M €. La crise provoque la baisse des prix, mais ne parvient pas à endiguer le succès de la propriété jouissant d’un accès direct à la Grande Bleue, du goût des Belges, des Luxembourgeois, des Suisses et des Hollandais. Ces étrangers côtoient, cependant, 50 % d’Hexagonaux, de jeunes retraités enrichis par la vente récente de leur entreprise. L’un des grands atouts de l’adresse réside dans la différence considérable qui l’oppose à Saint-Tropez, en dépit de la faible distance. Pour obtenir l’équivalent au sein de la patrie d’adoption de Brigitte Bardot, il s’agit de débourser le double ou le triple. Signe du succès, le site Internet de l’agence inspire une centaine de consultations hebdomadaires pour une moyenne de dix contacts.
« Si, tout secteur et produit confondus, les demandes reculent en 2009 et 2010, à l’instar des prix de l’immobilier standard, qui chutent logiquement de 10-20 %, le taux de conversion des visites s’améliore. Peu affecté par la crise, le produit rare trouve preneur, la référence correctement estimée aussi, à moins d’un défaut majeur et insurmontable. Tous espèrent une valeur sûre, dont le coût reste conforme à la qualité. Lorsque l’on parvient à répondre pleinement aux attentes, les transactions s’effectuent sans difficulté », concluent les professionnels.
Par Laetitia Rossi