La location saisonnière
L’Observatoire du Comité Régional du Tourisme confirme une tendance positive de la fréquentation de la Côte d’Azur, Monaco inclus, jusqu’à l’été 2008, contrebalancée par des chiffres moins encourageants au quatrième trimestre. Résultat des courses : un cru comparable à 2007. Qu’en est-il de 2009 ?
En 2006, 10,2 M de visiteurs foulent le sol azuréen. Selon la période, entre 50.000 et 750.000 touristes déambulent en même temps sur la Riviera, le niveau bas étant enregistré à la mi-décembre, le pic, le week-end du 15 août. 52 % sont étrangers ; parmi ceux-là, 22 % arrivent d’Italie, 20 %, de Grande-Bretagne et 5 %, des Pays de l’Est. Une part cependant faible pour une population qui ne passe pas inaperçue sur le segment haut de gamme. En décembre dernier, rien ne va plus : le CRT annonce un « coup de froid sur la tendance ». Les Transalpins, particulièrement présents au moment des fêtes, ne parviennent pas à sauver le mois, où le seul indicateur en hausse reste le passage dans les offices de tourisme. Le transport aérien pâtit de la conjoncture avec un recul net des réceptions avoisinant les 16 %. Malgré une fin d’année préoccupante, l’exercice 2008 montre globalement une légère progression par rapport à 2007. Avec 2,7 M de « séjours avion », il affiche une avancée de 7 % dans le domaine des transports aériens et s’enrichit de 100.000 « déplacements affaires » supplémentaires. « La dynamique des marchés se trouve entravée par la crise économique, mais la destination pourrait bénéficier d’un arbitrage favorable du fait de son accessibilité et de la diversité de son offre », conclut l’étude du Comité Régional du Tourisme.
« En 2008, la location saisonnière cannoise suit l’orientation générale », introduit Christie Larnicole de Magrey & Sons. « Si les habitués prennent leur temps et avancent des budgets inférieurs de 20 %, l’été prochain se présente relativement bien, à l’instar du Festival International du Film, le point noir de l’an dernier, et contrairement au Mipim, très peu porteur au vu des premières réservations. Le congrès qui se tient du 10 au 13 mars ne rassemble pas foule. Les hôtels tentent de sauver les apparences en multipliant les packs promotionnels, tandis que les agences immobilières ne croulent décidément pas sous la demande. Un trois-pièces de belle facture sis sur La Croisette débute à 6000 €/la semaine. Une villa dans la Basse-Californie peut atteindre 30.000 €. Durant la quinzaine du film, les mêmes biens se négocient respectivement à partir de 17.000 € et de 45.000 à 50.000 €. La clientèle se compose principalement de sociétés, des entités enclines à la réduction du budget communication dans un contexte international tendu. » Les tarifs des mois d’été correspondent plus ou moins aux grilles des 15 jours du 7e Art. Les Russes et, de manière générale, les ressortissants des Pays de l’Est compensent la perte des Britanniques. De retour, les Moyens-Orientaux pourraient anticiper leurs vacances pour cause de calendrier religieux, le ramadan débutant le 1er septembre 2009. Contrairement à la Cité des Festivals, Mougins se remet plus difficilement du départ des Anglo-Saxons, particulièrement friands du site, 15 à 20 % moins cher à bien équivalent. Les retombées du MIPCOM, en octobre, du MIPTV, en avril, du Taxe Free World Exhibition, en novembre, et du Salon International de la Plaisance, en septembre, forment une manne financière traditionnellement moindre comparée aux deux manifestations précédemment évoquées et à la période estivale.
« Sur Cannes comme sur les caps Ferrat et d’Antibes, l’agence John Taylor a amélioré son chiffre de 20 % en 2008 », avoue Jacqueline Swaep. La professionnelle précise que les réservations de dernière minute et la location de grosses propriétés ont largement contribué au score. La débâcle observée en novembre et décembre n’a quasiment pas joué dans la mesure où, sur le front de l’occupation saisonnière, on compte l’essentiel des points entre mars et octobre. Les demeures du littoral fonctionnent sur le mode mensuel lorsque les propriétaires de l’arrière-pays chic, de Mougins ou Saint-Paul, consentent à les mettre à disposition à la quinzaine. Quelques oligarques russes habitent les domaines des caps, des parcs immobiliers toujours remplis à 90 % en juillet et août, entre deux et quatre mois. De 30.000 à 300.000 € mensuels, quand on évoque des records de l’ordre de 500.000 €, la grille tarifaire fait le grand écart sur les péninsules bénies des dieux. La moyenne des transactions équivaut néanmoins à 100.000 €.
« Les caps Ferrat et d’Antibes impliquent de tels niveaux de dépenses que les locataires n’hésitent pas à effectuer une visite préalable », explique Peter Illovsky de Burger Sotheby’s International Realty. En 2009, les spécialistes pressentent un accroissement de l’activité. Les acheteurs potentiels ayant remis leur projet à plus tard pourraient décider de passer l’été sur la Côte d’Azur. Ils privilégient l’adresse, la pointe Sainte-Hospice et le village de Saint-Jean remportant tous les suffrages. Villefranche et Beaulieu-sur-Mer affichent des coûts inférieurs de 20 %, au même titre que le Cap Martin, historiquement fort prisé. La proximité de Monaco et l’existence d’un patrimoine Belle Epoque pieds dans l’eau permettent à Cap d’Ail de concurrencer Ferrat sans rougir.
Par Laetitia Rossi
