La location saisonnière sur la Côte d’Azur
La conjugaison d’un cadre naturel de toute beauté, d’un patrimoine architectural varié et d’infrastructures d’accueil et de loisirs de premier choix justifie les 10,3 millions de visiteurs annuels. Comme la transaction, la location azuréenne faiblit sous le joug des crises, mais ne flanche pas. Le bilan de 2009, les attentes en 2010…
Selon le Comité Régional du Tourisme Riviera Côte d’Azur, le littoral béni des dieux est la deuxième destination française derrière Paris, avec 4,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires et 75.000 emplois directs générés dans les Alpes-Maritimes (soit 18 %). La mer et la montagne règnent en maîtresses absolues sur le site. Les caps somptueux, les criques sauvages, les plages de sable ou de galets se succèdent, tandis que les sommets alpins culminent à 3000 mètres d’altitude, le Parc National du Mercantour abrite 600 km de sentiers balisés et les stations de ski, sises à 90 mn seulement de la Grande Bleue, offrent 700 km de pistes. Loin de se contenter de son espace naturel, la bien nommée Côte d’Azur se bat sur tous les fronts : centres de thalassothérapie et spas tiennent la dragée haute aux 23 parcours de golf, aux casinos, aux établissements tantôt branchés tantôts sélects et aux boutiques de luxe de Cannes, Nice, ou Monaco. Il suffit de lever les yeux pour apercevoir un bâtiment baroque ou Belle Epoque, une église ou un château, des vestiges préhistoriques ou antiques. Ce bouillonnement culturel et artistique multiséculaire, la centaine de musées présents sur le territoire le racontent. S’il faut réellement choisir, le CRT conseille le Fort Carré (Antibes), la villa grecque Kerylos (Beaulieu-sur-Mer), l’abbaye de Lérins (Saint-Honorat), la chapelle Notre-Dame-des-Fontaines (La Brigue), le sanctuaire Notre-Dame-de-Laghet (La Trinité), le Trophée des Alpes (La Turbie), le château Henry Clews (Mandelieu), la cathédrale orthodoxe russe, les arènes de Cimiez (Nice), le monastère de Saorge (Saorge), la villa Ephrussi de Rothschild (Saint-Jean-Cap-Ferrat) et la citadelle Saint-Elme (Villefranche-sur-Mer).
« En 2009, le chiffre d’affaires de la location saisonnière recule à Cannes, ainsi que sur les caps Ferrat et d’Antibes, de 20 % par rapport à 2008, un excellent cru », introduit Jacqueline Swaep de l’agence John Taylor. Les propriétaires jouent le jeu des négociations âpres plutôt que de prendre le risque de ne pas louer leur bien. Contrairement aux autres pôles d’attraction, Cannes fonctionne toute l’année grâce aux congrès et aux festivals. Si le MIPTV (avril), la Plaisance (septembre), le MIPCOM, le Taxe Free World Exhibition (octobre) et le Midem (janvier), plus courts en durée, subissent la compétition rude des hôtels, le MIPIM (mars) et le Festival International du Film (mai) s’avèrent particulièrement porteurs. Durant le rassemblement des professionnels de l’immobilier, la villa de qualité, à l’instar du bel appartement de trois/quatre chambres sur La Croisette, se négocie 15.000 €/semaine. La quinzaine du cinéma implique pour les mêmes référents une dépense comprise entre 15.000 et 130.000 €. Le trois-pièces classique, à distance pédestre du Palais des Festivals, vaut 5000-8000 €/semaine en mars, 12-15.000 € les quinze derniers jours de mai. L’été, les tarifs mensuels démarrent à 25.000 € pour atteindre la somme folle de 350.000 €, un record correspondant à un parc de plusieurs hectares disposant d’une ouverture sur la Méditerranée, neuf suites, des logements dédiés au personnel, un tennis, une piscine, et un service de type palace sur les sublimes presqu’îles d’Antibes et de Saint-Jean-Cap-Ferrat. Russes, Anglo-saxons et Moyen-orientaux se permettent encore ces incursions dans les hautes sphères. Mais, la majorité, âgée de 30 à 50 ans, engage de 50.000 à 60.000 €. L’ère de la provençale paraissant définitivement révolue, tous rêvent d’architecture et de décoration contemporaines.
Sur Mougins, Alexandra Merz de L&F enregistre une baisse de 10-12 % du nombre de contrats pour un retour financier équivalent au précédent exercice, dû en partie à l’allongement des séjours et à la quête d’un standing supérieur. Dès le mois de décembre dernier, les réservations de 2010 reprennent à un rythme soutenu. Les Français, les Belges et les Britanniques contribuent au dynamisme. Troublés par la faiblesse du dollar, les Américains manquent toujours de réalisme quant au rapport budget/critères. Les Scandinaves, les Hollandais, les Allemands, les Suisses, les Russes et les Polonais sont attendus à Pâques. Généralement fixés sur août, les Moyen-orientaux pourraient exceptionnellement choisir juillet afin d’effectuer le ramadan dans leur pays d’origine. L’environnement bucolique, les terrains plats et les volumes généreux restent l’apanage de la ravissante cité, dressée à 10 mn de voiture de La Croisette et plébiscitée par les familles. Ici, le confort l’emporte sur le luxe ostentatoire. Seulement 20 % des propriétés bénéficient d’un panorama azur. Si la plupart paie de 10 à 15.000 € la semaine, la fourchette s’échelonne de 6000 à 45.000 €.
Comme sa consœur, Romain Favelier de Burger Sotheby’s International Realty s’avoue satisfait de sa saison tropézienne et du taux de remplissage proche des 75 %, un score obtenu sans grande diminution de tarifs. Susceptible de débourser 50.000 €/mois en moyenne et jusqu’à 100.000 € hors exception, la clientèle cosmopolite recherche l’accès pédestre à la place des Lices ou l’adresse domaine fermé et gardé. Les Parcs de Saint-Tropez arrive encore et toujours en tête. La vue mer, le service et l’état irréprochable demeurent le minimum requis par ces locataires exigeants. Les plus jeunes ciblent le festif village ou la proximité immédiate des plages de Pampelonne ; les autres apprécient la quiétude de Ramatuelle. Le marché des locations longue durée - comprendre plusieurs mois - s’affirme. « Décidément, la destination ignore les crises et ne connaît pas la concurrence », conclut le spécialiste.
Par Laetitia Rossi
