La location saisonnière sur la Côte d'Azur
La consommation de vacances évolue, la clientèle aussi. Plus volatile, elle raccourcit ses séjours, multiplie les destinations, privilégie la qualité sur la quantité. Autant de standards auxquels la Côte d’Azur doit s’adapter pour conserver son leadership sur le tourisme international de luxe.
Le département des Alpes-Maritimes est l’un les plus visités de France, du goût des ressortissants des quatre coins de la planète. Ils sont chaque année 10 M à fouler son sol. 40 % des actifs azuréens tirent directement ou indirectement leurs revenus du tourisme. 6 % des séjours s’effectuent en location saisonnière d’après l’Observatoire du Tourisme de la Côte d’Azur.
Alexandra Venard, responsable du département location de Carlton International rayonne de la frontière italienne à Saint-Tropez. « Notre parc immobilier dit de luxe débute à 10.000 € la semaine d’été pour atteindre 430.000 € ; quand la moyenne de nos clients dépensent entre 25.000 et 30.000 €, la somme à débourser pour sept jours à Cannes au sein d’une maison de 400 m2 habitables sur un terrain plat de 3000 m2, pourvue d’une vue panoramique sur la mer, de prestations contemporaines et d’une domotique dernier cri. 430.000 € restent une somme exceptionnelle pour une semaine d’occupation. C’est le prix de l’exclusivité : 1400 m2 habitables, 11 suites, un ponton et un hélipad à Saint-Tropez. » Scandinaves et Américains plébiscitent la Côte d’Azur. Les premiers apprécient la pierre authentique et le calme ; les seconds aiment le littoral. Quant aux Moyen-orientaux, amoureux de Cannes, ils compensent la désaffection des Russes même s’il semblerait que les Européens de l’Est montrent des signes de retour, et pas seulement sur les Caps. La Côte d’Azur se compose, en effet, d’une multitude de micromarchés aux spécificités bien ancrées. Parmi lesquels Saint-Tropez, paradis des jet-setteurs et havre de paix des familles du monde entier. « Les comportements évoluent : la majorité des séjours raccourcissent lorsque que certains s’offrent des parenthèses enchantées de plusieurs mois loin de leur base. C’est le cas par exemple d’Australiens, de Canadiens et de bien d’autres en quête de dépaysement installés pour six à dix mois. Rappelons que grand nombre de nos locataires commencent par louer pour ensuite devenir acquéreur. Depuis quelques saisons, les réservations se concrétisent à la dernière minute. Aujourd’hui, professionnels et propriétaires doivent faire preuve de flexibilité, admettre que l’intimité de la villa particulière doit s’adjoindre une belle palette de services : des agents d’entretien et de sécurité, une gouvernante, un chauffeur, un chef cuisinier, un intendant. Si la Côte d’Azur peut être fière de ses qualités naturelles, de son climat et de ses paysages, elle doit veiller à maintenir un certain niveau d’accueil. La concurrence est rude : la Grèce, Ibiza, Saint-Barthélemy, la Corse, voire les Alpes françaises l’hiver, Megève, Méribel ou encore Courchevel. Plutôt que de subir le morcellement des vacances et la volatilité de la clientèle, mieux vaut la fidéliser et l’accompagner dans ses choix, c’est la raison pour laquelle nous sommes heureux de proposer à notre clientèle des destinations complémentaires », précise la spécialiste.
« On sent clairement une envie d’évasion, de soleil et de détente, des rêves de lieux paisibles et de vues imprenables, sans oublier le goût du service », décrivent Emmanuelle Le Quellec-Furrer et Judith Davis d’Impact. « Formées dans l’hôtellerie et le tourisme, nous étions avant-gardistes lorsque nous avions poussé l’accompagnement personnalisé de nos locataires et la prise en charge de toute contingence logistique. Aujourd’hui, c’est la norme », s’amusent les professionnelles. Le marché se polarise sur deux segments : les biens de 90.000 à 200.000 € le mois d’été et les très prisées villas de 30.000 à 50.000 € sur Cannes et le Cap d’Antibes. Une gamme de plus en plus généreuse et diversifiée. Au sein de la Cité des Festivals, un appartement de trois chambres trouve preneurs moyennant de 10.000 à 20.000 € en juillet ou en août, autour de 15.000 € dans La Californie et de 40 à 50 % de plus sur La Croisette. Sur le front des congrès, la règle reste l’équilibre : la fréquentation de l’un baisse, l’autre le rattrape. Le Festival International du Film perd du terrain ; le Lions explose avec un chiffre d’affaires en location saisonnière triplé en deux ans et le Tax Free World Exhibition retrouve des couleurs. Le MIPIM est également en progression, signe de la reprise de confiance dans la pierre. Tous les appartements situés à moins de 10 minutes de marche du Palais des Festivals connaissent un taux de remplissage proche des 100 %. Un quatre-pièces sur La Croisette, entre le Majestic Barrière et Le Martinez s’échelonne entre 15.000 et 30.000 €/semaine, selon la superficie, le potentiel des espaces réceptifs et la présence ou pas d’une terrasse. Le même est réservé 12.000 € pendant le Lions, 10.000 € au cours du MIPIM et 8000 € pour le MIPCOM.
Le terrain de prédilection de Lucie Dieterich de l’Agence du Littoral, établie à Saint-Jean-Cap-Ferrat, s’étend de Villefranche-sur-Mer au Cap Martin. Année après année, la péninsule bénie des dieux, éden à la végétation verdoyante baigné par les eaux méditerranéennes, s’offre un taux de remplissage proche des 70 %, largement alimenté par les Européens de l’Est et les Anglais. Le cœur de la demande se situe entre 90.000 et 120.000 €/mois, le budget exigé pour quatre à cinq chambres, une piscine, une vue sur la Méditerranée et un minimum de service. Le très haut de gamme enregistre des pointes à 500.000 €/mois, synonymes de sept suites grand luxe, d’un terrain de plusieurs hectares, d’un tennis, d’une piscine et d’un large choix de services. Certains préfèrent Villefranche ou Beaulieu, nourrissent une affinité particulière avec les villages animés et leurs tissus commerçant plus dense. D’autres voient l’occasion d’obtenir des prix plus accessibles : une villa à 90.000 € le mois d’été sur le Cap Ferrat part entre 50.000 et 70.000 € à Villefranche ou Beaulieu. Les amateurs de propriétés pied dans l’eau prennent, enfin, la direction d’Eze. Les pensionnaires de l’est des Alpes-Maritimes conservent les yeux rivés sur Monaco, pôle de divertissement à la renommée planétaire.