L’appartement d’exception sur la Côte d'Azur
La villa ne règne pas en maîtresse absolue sur la Côte d’Azur. A l’heure du retour vers les centres urbains, l’appartement dit de luxe serait davantage dans l’air du temps. A condition de posséder une surface généreuse, une vue imprenable et une terrasse plus proche du jardin que du balcon.
S’il faut compter minimum 1,5 M € pour s’offrir un « bel » appartement à Cannes, Nice, Villefranche- ou Beaulieu-sur-Mer, la denrée, en configuration penthouse avec jardin suspendu et piscine privée, peut friser ou dépasser, selon les secteurs, 20 M €. Les adeptes, issus des quatre coins de la planète, lui reconnaissent sa fonctionnalité et le prestige de son adresse, souvent les quartiers les plus recherchés des villes azuréennes.
« Le marché de l’appartement de prestige est une niche ultra sélecte, essentiellement composée de toit-terrasses. Son ratio prix/m2 est souvent largement supérieur à celui observé sur le segment individuel », précise Michel Magrey de Magrey & Sons, une agence située sur le boulevard de La Croisette à Cannes. Il s’agit d’abord de différencier le véritable penthouse, autrement dit l’appartement prolongé par un espace extérieur de plain-pied, du lot, moins coté, surmonté par une terrasse uniquement accessible par un escalier. Au sein de la même résidence, il existe une réelle variation de prix entre un appartement en étage courant et le dernier niveau. On parle de 30.000 €/m2 contre 50.000 €/m2 sur La Croisette, de 12-15.000 €/m2 face à plus de 20.000 €/m2 sur la Basse Californie et de 8000-10.000 €/m2 contre 13.000 €/m2 sur certaines artères du Cannet Résidentiel et de La Croix-des-Gardes. Exigeante, la clientèle est clairement arrêtée sur la typologie de bien recherchée. Elle se fait connaître des agences et attend patiemment que les professionnels trouvent l’objet de son désir. A partir de 100 m2 habitables, l’appartement exceptionnel entre clairement en compétition avec la villa. Mais pour rien au monde, les intéressés, prêts à débourser plus de 1,5 M €, ne reverraient leur copie. Maintenant, il n’est pas inhabituel que les vendeurs, conscients de posséder une référence aussi rare que prisée, surévaluent. Actuellement, Magrey & Sons présente un quatre-pièces de 220 m2 en étage élevé, au sein de l’une des résidences les plus exclusives de La Croisette, aux alentours de 15 M €. Sis avenue du Roi-Albert, le 87 Soligny, une résidence neuve et sécurisée d’à peine neuf logements, recèle un appartement de 244 m2, ouvert sur une terrasse de 80 m2, doté de trois garages en sous-sol et entièrement orienté au sud sur la Méditerranée et les îles de Lérins, à 5,4 M €. Le programme arbore, également, l’un des plus beaux penthouses de la Cité des Festivals : 396 m2 habitables, 323 m2 de terrasse et une piscine privée, à 14,8 M €. « Un record pour la Basse Californie largement justifié par les prestations », explique Michel Magrey.
« L’exception réunit plusieurs critères : un espace conséquent, une signature architecturale, un mobilier pointu, un panorama spectaculaire et une absence de vis-à-vis », renchérit Julien Mendjisky de l’agence John Taylor. Certains produits se suffisent à eux-mêmes, portés par une adresse fort recherchée. Mais, la plupart sont désormais proposés clé en main, équipés, meublés, accessoirisés et dotés d’une domotique dernier cri. Le professionnel évoque un exemple du genre : le penthouse de L’Impératrice sur La Croisette centre - 230 m2 avec un ascenseur privatif et une vaste terrasse de 100 m2 sur les Iles de Lérins et l’Estérel, trois suites, une chambre de service et deux garages - une catégorie de biens supérieure à 15 M €. Certains rez-de-jardin tiennent la dragée haute aux toit-terrasses. A l’instar de cet appartement du Mariposa, en pleine Californie, ouvert sur le parc, la piscine, la mer et les îles - 180 m2 d’intérieur et plus de 72 m2 d’extérieur - affiché entre 4 et 6 M €.
L’est du département remporte aussi tous les suffrages. « Des immeubles de Beaulieu-sur-Mer commencent à dater. En première instance, les clients sont parfois déçus, ne plaçant pas le curseur du luxe au même niveau. Parallèlement, le Belle Epoque ne manque pas de charme. Seul regret : l’absence quasi systématique de terrasse. Maintenant, certaines résidences ont le vent en poupe. A commencer par Blue Square ou Villa Borghèse. De même, certains biens offrent des rénovation de luxe et des qualités intrinsèques irréprochables », décrit Marianna Corsiarino de Blue Immobilier. Par ailleurs, les superficies généreuses restent rares. A l’instar des vues mer, relativement ponctuelles eu égard à la configuration plate du territoire berlugan. En fonction de ces critères, le mètre carré oscille ici entre 9000 et 15.000 €, un seuil que beaucoup acceptent de franchir convaincus d’habiter l’une des villes les plus agréables de la Côte d’Azur. Comparable en prix, Villefranche, construite en amphithéâtre sur la Méditerranée, propose davantage de panoramas azur et des immeubles plus récents. Actuellement, on requiert plus de 4 M € en échange de 225 m2 habitables et d’une terrasse de180 m2 avec piscine privative. « Russes et Britanniques se montrent particulièrement friands de ce type de bien », conclut la spécialiste.