Le Cap d’Antibes, une spécificité azuréenne
Détentrice de la plus faible densité du littoral azuréen, la sublime péninsule de 3,7 km2 reste l’une des adresses les plus prisées du département. Son succès, dont témoignent à l’année quelque 1460 happy few, fait montre d’une réelle longévité.
Depuis la seconde moitié du XIXe siècle, Russes Blancs et aristocrates britanniques cèdent au chant des sirènes du verdoyant cap. A commencer par le fils de l’incontournable reine Victoria, sous le charme, à partir de 1880, des magnifiques étendues de sable de Juan-les-Pins. L’avancée de terre se pare alors de luxueuses villas à l’instar d’Eilenroc, qui doit son plan au célèbre Charles Garnier, ou encore des châteaux de La Garoupe et de La Croë, alors propriété du monarque Edouard VII. Les îles de Lérins s’épanouissent à l’ouest dans la baie de Cannes, quand le Mercantour se dresse souverain à l’est. En 1856, Gustave Thuret signe un véritable jardin botanique. Mais c’est encore à L’hôtel du Cap-Eden Roc que revient le rôle d’ambassadeur planétaire.
« Si les acheteurs sont essentiellement nord-européens », introduit Fredrik Lilloe de Knight Frank, « les Anglo-saxons arrivent en tête. Les Russes ont quasiment disparu des tablettes et les Moyen-Orientaux préfèrent Cannes. Tous visent la résidence secondaire. » Sur le cap, les propriétaires ont du mal à revoir leurs prétentions à la baisse comme ils l’ont par exemple fait dans la Cité des Festivals, préférant plutôt retirer leurs biens de la vente. Le constat vaut d’ailleurs également pour le cap Ferrat ou Saint-Tropez. Un bien au juste prix trouve pourtant preneurs sans grande difficulté. Sous la barre des 2 M €, on peut obtenir une villa de 4 chambres, orientée sur la Grande Bleue, édifiée sur une petite parcelle avec bassin à 350 mètres de la plage Keller, sous compromis depuis début février. Parmi les ventes du dernier exercice, le professionnel décrit une propriété à rénover de 400 m2 sur un terrain de 1200 m2 sur le très prisé versant sud-ouest, briguée moyennant 5,3 M € par un Scandinave bien décidé à consentir à d’importants travaux. Une autre maison de 300 m2 dotée d’une piscine et d’un panorama azur, sur un terrain de 1500 m2 à l’ouest du cap, change de mains à 7 M €. Selon la situation, la vue et l’état du bien, le mètre carré oscille entre 20.000 et 35.000 €. Sur les quatre dernières années, le très haut de gamme entre en concurrence avec Cannes et son très porteur marché du saisonnier. Les ventes au-delà de 15 M € se font rares sur la péninsule antiboise. Elles échappent parfois à tout canal classique de diffusion, vendeurs comme acheteurs étant particulièrement attachés au principe de confidentialité.
« Le cœur de la demande se situe entre 1 et 4 M €. Au-dessus de 5 M €, les transactions sont nettement plus rares. Le marché est stable avec une nette tendance aux villa de 150 à 200 m2, bénéficiant de préférence d’une vue sur la mer », précise Aurélien Monnier de l’Agence du Cap d’Antibes. Les propriétaires, échaudés par des propositions jugées basses, ont les moyens d’attendre et de différer la cession de leur fief. Les biens sont alors retirés du stock et les acheteurs potentiels, aux prises avec une certaine pénurie. La construction en bon état de 250 m2 dans un jardin de 2000 m2 ouvert sur la Méditerranée présente un choix nettement plus conséquent à Cannes que sur le cap. Le segment collectif est encore plus exceptionnel. « Je commercialise actuellement juste derrière l’hôtel Belles Rives « La Villa Chêne Roc », un immeuble intime de 15 appartements entre 90 et 150 m2 prolongés par de généreuses terrasses orientées sur Juan-les-Pins, les îles de Lérins et Cannes. Le mètre carré vaut de 10.000 à 35.000 €. La livraison est prévue au troisième trimestre 2019. Neuf lots sont encore à pourvoir », révèle le spécialiste. « Les Américains effectuent leur retour, même si l’impact sur le volume des ventes reste limité », remarque Franck Salaün de Cap d’Antibes International. Le lien entre l’adresse azuréenne et les Etats-Unis est historique, quasi fusionnel. Du long séjour de l’emblématique couple Fitzgerald entre 1922 et 1924 aux constructions mythiques de Barry Dierks en passant par les soirées orchestrées par les jazzmen, l’attachement ne cesse de se renouveler. A l’actif de l’architecte de Pittsburgh : les villas Lilliput, Zéro, Sous le Vent, le Clos de La Garoupe, Aigue-Marine, La Folie ou les célèbres Hier et Aujourd’hui. Cette vague de constructions survenue dans la première partie du XXe siècle témoigne de cette clientèle si particulière du cap, jadis en villégiature d’hiver, désormais sous le charme de l’été azuréen. A l’heure actuelle, les Britanniques se montrent particulièrement actifs. Les notions de qualité de vie et d’achat plaisir sont sous-jacentes. La nature est préservée, le port Vauban, à quelques encablures, ne laissant pas insensibles les amateurs de plaisance. La péninsule antiboise n’a pas encore connu la déferlante de travaux, observée sur le très spéculatif cap Ferrat. Le marché est plus stable, moins effervescent. Beaucoup mettent leur bien à disposition pour la location saisonnière. La quinzaine vaut entre 20.000 et 30.000 €. Une villa, à la vente autour 7 M €, s’occupe moyennant environ 60.000 €/mois. Le cap d’Antibes demeure une valeur pérenne, un véritable label synonyme de calme et de nature bucolique, à la fois si loin et si proche de l’ébullition des grandes villes de la Côte d’Azur.