Le marché du luxe à Mougins
A quelques minutes à peine de Cannes et de sa vie trépidante, Mougins invite au calme. Nichée entre verdure, ciel bleu et Méditerranée, la commune, très cosmopolite, joue la carte de la discrétion. Si les superbes villas et autres propriétés d’exception n’y sont pas rares, l’ostentatoire n’y a pas sa place.
Mougins, c’est une superficie de 25,64 km2 pour 19.929 habitants. C’est un village authentique qui offre de belles balades le long de ses ruelles et un étonnant parcours au fil de l’eau. On n’y compte pas moins de dix-neuf fontaines et lavoirs ainsi que de nombreux restaurants et une vingtaine de galeries d’art. La gastronomie et l’art font partie intégrante du paysage local. Déjà en 1924, Francis Picabia, alors peintre surréaliste d’avant-garde se prenait de passion pour l’endroit et décidait d’y faire construire sa maison. Il sera l’un des premiers artistes à s’y installer, imité ensuite par d’autres, dont Pablo Picasso qui a passé là les douze dernières années de sa vie.Les professionnels sont unanimes : Mougins reste une adresse, « Le Neuilly de la Côte d’Azur », précise même Michel Brévier de Label Properties. Français et étrangers se partagent le territoire et achètent en connaisseurs. Ce sont des inconditionnels de la Riviera en général et de Mougins en particulier. Ils optent pour différents quartiers, sachant que l’est de la commune est le plus recherché et, par déduction, le plus cher.
Le vieux village fait figure de micromarché. Il séduit surtout des étrangers qui souhaitent y posséder un pied-à-terre. Car habiter Mougins village, c’est opter pour l’authenticité de la vieille pierre, des ruelles étroites, de la vue, selon l’endroit, et de l’esprit village ; mais c’est aussi faire l’impasse sur les commerces de proximité et bien souvent sur le garage ou la place de parking. Actuellement, l’offre y est très nettement supérieure à la demande. En cause, des prix qui flambent et ne sont pas justifiés par les prestations des produits. Ainsi 52 m2 sans extérieur ni parking cherchent preneur pour 330.000 €, soit un mètre à plus de 6000 €. Autre bien représentatif de ce marché à part, cette maison « dans son jus » qui déploie 130 m2 habitables avec 5 chambres, une belle terrasse avec vue mer et un grand garage pour 720.000 € et des travaux à prévoir. Même les Anglo-saxons, pourtant très friands de vieilles pierres, hésitent à investir à de tels prix. « L’option au pied du village reste très demandée », constate Didier Sinclair de l’agence Michael Zingraf. Récemment, une villa de 320 m2 sur 1000 m2 de terrain, sise à 50 mètres du cœur du village, est à vendre 4.900.000 €. Une autre, également aux portes du vieux Mougins, avec 750 m2 habitables, des prestations ad hoc, une piscine chauffée, 6500 m2 de terrain et une très belle vue mer a atteint la somme de 19 M €. Les Colles (surtout en partie haute), le Redon et Pigranel tirent également leur épingle du jeu ; le cadre est assez exceptionnel et les parcelles conséquentes. Pour peu qu’il y ait une vue sur le village et un aperçu mer, les prix s’envolent. Une villa de 900 m2, lovée dans un terrain de 2 hectares, avec la Méditerranée en écharpe et le vieux Mougins en toile de fond, s’est vendue 30 M €. Une exception tout de même, car les biens n’atteignent évidemment pas tous de telles sommes. Ce qui va induire le prix : la situation, comme toujours, mais aussi les nuisances sonores, l’inconvénient majeur sur Mougins qui voit la pénétrante Cannes-Grasse offrir le meilleur (le désenclavement) et le moins bon (le bruit). Un bruit de fond qui va faire que cette villa de 150 m2 habitables sur un terrain de 1600 m2 avec vue sur le village ne dépassera pas les 990.000 €. Avec une vue dégagée, une piscine et un jardin de 1500 m2 à 2000 m2, le tout dans le calme absolu, une habitation de 250 m2 atteindra aisément les 2, 5 M €. Saint-Barthélémy séduit les amateurs de calme, de vues dominantes et de soleil couchant ; son exposition sud-ouest offre en effet des moments uniques le soir venu. Ici, pour peu que les prestations soient haut de gamme, et elles le sont, 350 m2 habitables sur 5000 m2 de terrain valent 4 M €. Plébiscités par les propriétaires recherchant la sécurité et la confidentialité, les parcs fermés suscitent un bel engouement, toutes nationalités confondues. N°1 au box-office mouginois, « Le Domaine de la Chapelle Notre-Dame-de-Vie » abrite quelques beaux produits, à partir de 3 M €. « Les Parcs de Mougins », un domaine fermé et gardé voit son ticket d’entrée démarrer à 2 M € voire 2.500.000 €. « Les Terres de Pigranel » et « Le Domaine des Collines » plaisent pour leur vue mer. Si le marché de la villa individuelle s’avère dominant, celui de l’appartement est plus restreint. « Cannes Etoile », à la limite du Cannet s’impose comme l’un des beaux programmes récents de la commune. Un acquéreur français a déboursé 1 M € pour un appartement de 170 m2, en parfait état, bénéficiant d’une vue sur la Grande Bleue, d’une terrasse de 40 m2, de deux caves, autant de garages et d’un parking. Destination internationale par excellence, Mougins séduit également les golfeurs qui frappent la petite balle blanche sur l’un des deux parcours locaux, celui du Golf Country Club de Cannes-Mougins et du Royal Mougins Golf Club.
Qui sont-ils ces acheteurs qui font de Mougins leur lieu de résidence principale ou secondaire ? « La clientèle locale ne peut plus acheter sur la commune, elle n’en a plus les moyens », note Michel Brévier. Hommes d’affaires, chefs d’entreprises et autres catégories socioprofessionnelles à hauts revenus se partagent le marché. « Les Français présents ici viennent pour une grande majorité du nord ou de l’est du pays. Certains ont vendu leur société et sont prêts à investir 1.500.000 € pour un bien en résidence secondaire, dans un premier temps, et qui va ensuite devenir leur résidence principale », explique Eric Blain de Century 21th Rêvazur Transactions. Les Anglais, autrefois très présents, se font plus discrets ; les Belges, les Hollandais, les Allemands, les Suisses et les ressortissants des pays de l’Est prédominent. Les Russes d’aujourd’hui ne sont plus ceux des décennies passées ; ce sont les enfants des milliardaires qui ont découvert la Côte d’Azur d’avant l’an 2000. Quelques Indiens font également leur apparition ; le fait que le propriétaire du Royal Golf Club de Mougins, Rattan Chadha, soit un homme d’affaires indien n’y est peut-être pas étranger. Toutes nationalités confondues, l’acquéreur reste un initié qui veut marier les plaisirs de la plage toute proche et de l’esprit provençal made in Mougins. Cannes n’est qu’à 10 minutes de là, l’aéroport international Nice Côte d’Azur, à une demi-heure et la cité compte toutes les infrastructures indispensables : écoles (dont la Mougins International School très prisée des familles résidantes étrangères), cliniques, petits commerces et grande surface. Adresse de charme et de prestige, Mougins garde aussi un visage vert, grâce notamment à la volonté de la municipalité de ne pas bétonner l’une des plus belles communes de la Côte d’Azur. Dire de la pierre qu’elle reste une valeur-refuge en période de crise est peut-être encore plus vrai ici.
Par Cécile Olivéro