Le marché tropézien
La presqu’île varoise… visite guidée d’un secteur incontournable.
Parmi les plus célèbres du monde, la presqu’île varoise suscite engouement et succès. Visite guidée d’un secteur incontournable…
La tendance se confirme : le Var attire les populations en quête de nature, de calme et de sérénité. Mais il ne s’agit pas pour autant de conclure à l’uniformité du marché. On distingue le haut pays et le littoral, le reste du département et la presqu’île tropézienne. C’est à cette dernière qu’il convient de s’intéresser. Spécifique entre tous, le secteur connaît le succès depuis plusieurs décennies déjà. Si les peintres du début du siècle dernier ont apprécié l’authenticité, les couleurs et la luminosité du petit port de pêche, les stars l’ont ensuite consacré. Il n’y a pas si longtemps, les tabloïds dédiaient encore une rubrique estivale aux soirées tropéziennes. Mais « Saint-Tropez la festive » n’est jamais parvenue à évincer définitivement « Saint-Tropez la discrète », celle des hommes d’affaires de ce monde, des aficionados du farniente. Des plages, des restaurants, des bars, des discothèques, des boutiques, des rendez-vous culturels ou sportifs… Rien ne manque et tout contribue au bonheur des vacanciers.
Bénéficiant d’un dynamisme toujours soutenu, son marché immobilier a néanmoins connu quelques mutations. Notamment au niveau du profil de la clientèle. Terminés les effets « succès boursier » ou « passage à l’euro », désormais les acquéreurs réfléchissent davantage leurs achats. Sophie Callu-Mérite de l’agence A.B. Sea Immobilier insiste sur ce point : « Il ne correspond plus à une pulsion, mais à un acte bien pensé, d’autant que les résidences, à vocation secondaire dans un premier temps, sont amenées à devenir principales à moyen ou long terme. Ainsi, en 2003, les transactions ont pu se faire grâce à une prise de conscience des vendeurs qui ont ramené leurs prix à un niveau raisonnable. En faisant des cas exceptionnels une généralité, les médias ont longtemps desservi la fluidité du marché. Les professionnels se doivent donc d’estimer les biens sans céder à la tentation de la surévaluation dans le but inavoué de remporter le mandat. Au niveau de l’analyse structurelle, le déséquilibre demeure toujours en faveur de la demande. Les clients potentiels hésitent entre le mas provençal et la villa moderne, plus difficile à construire au vu des contraintes architecturales appliquées dans la région. » La rareté des biens disponibles à la vente dans Saint-Tropez intra-muros justifie en partie le succès de Ramatuelle qui se situe à un niveau équivalent de prix. Mais la pénurie n’est pas le seul élément d’explication. La commune limitrophe possède en effet de belles vues mer, des expositions sud et des terrains de plus grande importance. Au nombre des quartiers les plus recherchés, on compte les domaines des Parcs de Saint-Tropez et de La Capilla, Sainte-Anne, Capon, les Canoubiers, Tahiti. Aux environs, on trouve, à des prix moins élevés, Pampelonne et l’Escalet à Ramatuelle, les Moulins de Paillas et Sinopolis à Gassin.
Pascal Galasso de l’agence Immobilière des Champs Elysées distingue les propriétés avec ou sans vue mer, facteur qui modifie le prix d’au moins 30 %, l’entrée et l’arrière de Saint-Tropez qui présente des coûts supérieurs de 25 %. « Pour 200 m2 sur 3000 m2 de terrain en bon état et sans vue mer dans les quartiers de la Bouillabaisse ou de la Pinède, compter 1.500.000 €. La même villa avec la vue mer vaut entre 2.500.000 et 2.800.000 €. Le pied dans l’eau de petite surface à l’entrée de Saint-Tropez s’acquiert à partir de 3.000.000 €. Quant aux appartements situés au même endroit, ils présentent une cote comprise entre 7000 et 8000 € le mètre carré, avec de belles prestations, une vraie vue mer et une terrasse, entre 4000 et 5000 € sans. A proximité de la Ponche et du port, entre 8000 et 10.000 € avec les éléments précités, entre 6000 et 7000 € sans. » La tendance inflationniste a cessé et on se dirige vers une stabilisation. Si les agents immobiliers sont optimistes en ce qui concerne le marché de la vente, le secteur de la location a eu à souffrir, l’an passé, du contexte économique international. En outre, les prix ont augmenté ces dernières années à un rythme plus accéléré que la demande. La surévaluation des propriétaires, qui atteint parfois les 30 %, freine les transactions. Pour 200 m2 sur 3000 m2 de terrain, prévoir entre 25.000 et 30.000 €, le mois d’été.
Gabrielle Giverso de l’agence Satti évoque la quasi-absence de terrain constructible. Afin de pallier le phénomène, les acheteurs jettent parfois leur dévolu sur des maisons qu’ils rénovent ensuite à leur goût, réalisant ainsi de belles plus-values. Certains clients apprécient également Gassin, moins onéreux, ses vues mer, ses vignobles et son golf. La Croix-Valmer peut enfin constituer une solution de repli pour des budgets inférieurs, mais il s’agit déjà d’une autre demande, d’un autre marché.
Par Laetitia Rossi - Photos Edith Andreotta