Le prestige des pieds dans l’eau
Le prestige des pieds dans l’eau
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Le prestige des pieds dans l’eau

Le genre règne en maître absolu sur la typologie immobilière de la Côte d’Azur. « Location, location, location », clament les Anglo-Saxons. Quel emplacement plus merveilleux que le littoral méditerranéen, qu’un cap baigné de soleil, une crique sauvage ou une plage de sable fin ?


Spécialisé dans la propriété pied dans l’eau depuis 1988, Michel Chassagne de Waterfront Property en compte 1957 entre Menton et Saint-Tropez, du simple cabanon de pêcheur au luxueux domaine. Outre l’accès direct à l’eau, le paramètre géographique impacte le prix. Le cap l’emporte sur la côte, les Alpes-Maritimes sur le Var, l’est du 83 sur l’ouest, le domaine fermé et gardé sur le secteur diffus, le sable sur les galets et le cadre animé sur le grand large. Les principales nuisances que les détracteurs opposent à la configuration restent l’exposition au regard et le passage le long du chemin douanier.

« Les caps Martin et Ferrat, qui jouissent de la proximité de Monaco, mais aussi les caps de Nice et d’Antibes, jadis plébiscités par les Italiens, séduisent les Européens de l’Est. Les ressortissants des pays limitrophes de la France s’intéressent à la portion comprise entre Cannes et Sainte-Maxime, quand Saint-Tropez conserve une fréquentation internationale », constate Michel Chassagne. Le genre contemporain remporte, désormais, tous les suffrages. A l’instar du bien rénové. Après une longue période d’augmentation constante de prix de 1998 à 2008, la première crise internationale dite des subprimes marque le coup d’arrêt de la tendance. Depuis 2008, les tarifs se réajustent à la baisse. Sur l’exercice 2012, les transactions orchestrées par Waterfront Property oscillent entre 980.000 € - la somme requise contre une maison de 90 m2 sur un terrain de 1000 m2 des Roches Rouges de l’Estérel - et 5 M € - le montant exigé en échange d’une demeure de 600 m2 à rafraîchir dans un parc de 7000 m2 situé entre Saint-Raphaël et Saint-Tropez. L’essentiel du stock disponible, largement plus fourni par le Var que par les Alpes-Maritimes, s’échelonne de 3 à 5 M €. A titre d’exemple, on demande 950.000 € contre un T3 en duplex de 74 m2 et son jardin privatif de 140 m2 sis dans une petite résidence pied dans l’eau des Roches Rouges, la copropriété se révélant encore plus rare que la villa. Une bâtisse de 450 m2 à remettre au goût du jour, sur un terrain de 1300 m2 ouvert sur une crique, est proposée à 2-2,5 M € dans un domaine sécurisé et calme de Saint-Raphaël. Enfin, une villa contemporaine aux prestations haut de gamme de 190 m2 sur une parcelle de 2000 m2 avoisine 4,5 M € entre Saint-Raphaël et Sainte-Maxime. La côte varoise arbore, enfin, quelques hôtels particuliers. Compter de 13 à 16 M € pour 600 m2 habitables et 6000 m2 de terrain sur le rivage méditerranéen. Par période, le marché accuse des ralentissements. Acquéreurs et vendeurs sont indécis. Plus que jamais, l’immobilier obéit à la règle « location, location, location ». Et de ce point de vue, le pied dans l’eau demeure un privilège que, seuls, pourront s’offrir sur la Côte d’Azur 1957 happy fews.

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Non loin de Sainte-Maxime, cette contemporaine, sobre à souhait et largement ouverte sur la mer, offre trois suites, un jardin de 2000 m2 avec piscine et jacuzzi. Entre 4 et 5 M €. Waterfront Property (04 92 99 09 01).
Non loin de Sainte-Maxime, cette contemporaine, sobre à souhait et largement ouverte sur la mer, offre trois suites, un jardin de 2000 m2 avec piscine et jacuzzi. Entre 4 et 5 M €. Waterfront Property (04 92 99 09 01).
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A 5 mn de la Croisette, cette propriété de plain-pied, rénovée et meublée avec goût, sur 100 m de côte au sein d’un parc de 3000 m2, comprend quatre suites et un appartement indépendant. La vue sur le Cap d’Antibes et les Iles de Lérins est féerique. 15 M €. Agence Europa (04 92 98 98 98).
A 5 mn de la Croisette, cette propriété de plain-pied, rénovée et meublée avec goût, sur 100 m de côte au sein d’un parc de 3000 m2, comprend quatre suites et un appartement indépendant. La vue sur le Cap d’Antibes et les Iles de Lérins est féerique. 15 M €. Agence Europa (04 92 98 98 98).
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A deux pas du Grand Hôtel du Cap Ferrat, cette luxueuse propriété pied dans l’eau d’environ 3000 m2 accueille une villa contemporaine d’à peu près 410 m2 et un appartement indépendant, une piscine à débordement et un pool-house. Plus de 20 M €. John Taylor (04 93 76 02 38).
A deux pas du Grand Hôtel du Cap Ferrat, cette luxueuse propriété pied dans l’eau d’environ 3000 m2 accueille une villa contemporaine d’à peu près 410 m2 et un appartement indépendant, une piscine à débordement et un pool-house. Plus de 20 M €. John Taylor (04 93 76 02 38).

« Malgré la crise, la villa pied dans l’eau, comme le pent­house d’ailleurs, suscite toujours un réel engouement », précise Jean-Christophe Hym de l’agence Europa. Installé à Cannes, le professionnel en compte quatre dans la Cité des Festivals et cinq à Golfe-Juan, dont une partie appartient au roi Fahd. Un seul est à vendre. La maison cannoise de 250 m2, rénovée avec goût, et son terrain d’environ 3000 m2, dans le giron de la famille Heineken par le passé, sont affichés à 15 M €. A l’abri des regards et du passage douanier, le bien se trouve à 5 mn de voiture de La Croisette. Face à la pénurie, les amateurs prennent la direction du Cap d’Antibes. A condition d’en avoir les moyens. S’ils étaient à vendre le Château de la Croë d’Abramovitch, le Château de la Garoupe de feu Berezovsky, la Villa Aujourd’hui ou encore Médi Roc atteindraient des sommes colossales. L’an dernier, un Sud-africain aurait déboursé 27 M € pour une villa de 300 m2 sur 2000 m2 à l’est de la péninsule. Il y a encore trois ans, des pieds dans l’eau, qu’il convient de distinguer des fronts de mer séparés de la Méditerranée par la route, sont partis à plus de 100 M €. Dans le Var, la grille tarifaire s’avère plus abordable et les gammes immobilières, davantage diversifiées. L’Estérel, relativement accidenté, arbore des paysages de carte postale. Pierre Cardin y possède un pied dans l’eau en contrebas du Palais Bulle, tandis que Sheldon Adelson, 15e fortune mondiale, serait propriétaire d’un autre du côté d’Anthéor.

« A l’exception de la villa Aujourd’hui et de quelques autres maisons situées à proximité de l’hôtel Belles Rives, il n’y a pas de véritables pieds dans l’eau sur la partie ouest du Cap d’Antibes. A l’est, les rares unités présentes ont donné lieu à trois transactions au cours des trois dernières années, dont une réalisée par l’agence John Taylor. Quant à la baie des Milliardaires, leur nombre ne devrait pas excéder vingt. La plupart ont changé de mains entre 2000 et 2008. Beaucoup, entièrement restaurées, méritent le nom de domaines », commente Régis Ramette. Une propriété bénéficiant d’un accès direct à la Grande Bleue justement située à l’ouest du cap - 600 m2 habitables à relooker sur 1000 m2 - trouve récemment preneurs à 15 M €. Le front de mer constitue une alternative plus abordable. La fameuse Pamplemousse - 600 m2 à retaper sur 7000 m2 - serait tombée dans l’escarcelle d’un Russe, déjà adepte de l’avancée de terre antiboise, moyennant une enveloppe autour de 20 M €. L’équivalent en configuration pied dans l’eau, dans la baie des Milliardaires, coûterait plus de 50 M €. « A Saint-Tropez, le segment est porteur ; et le ticket d’entrée démarre à 18 M € », complète Magali Masuy de l’agence John Taylor. Les Européens de l’Est n’ont d’ailleurs pas l’apanage de la catégorie, briguée par une clientèle des plus internationales. Si à l’emprise directe avec une plage ou une crique s’ajoute une adresse domaine privé et gardé, tel que Les Graniers, La Capilla ou Les Parcs de Saint-Tropez, les tarifs, déjà hauts, s’en ressentent.


Ecrit par
Laetitia Rossi - 11 juillet 2013