Les domaines privés des Alpes-Maritimes
D’obédience anglo-saxonne, le concept fait mouche sur la Côte d’Azur. Les ensembles arborés regroupant de luxueuses villas se multiplient. Le désir de sécurité, la recherche du service ou la garantie d’un bon voisinage alimentent le succès de ces propriétés aux spécificités bien ancrées…
Si elles partagent les routes, les espaces paysagers, le gardiennage, l’entretien des jardins et certains équipements de loisirs tels que la piscine, le pool-house, la salle de sport, l’aire de jeu, le bâtiment de réception, voire la plage, les villas des fameux domaines ne renoncent pas pour autant à leur intimité. Elles profitent simplement d’une organisation de type copropriété, ultra pratique et fort rassurante dans la mesure où la majorité des occupants n’y séjourne que quelques semaines par an. « Prestigieuse à souhait, la version azuréenne est plus dépouillée : en effet, les nantis apprécient guère la « co-jouissance » des parties dites communes. Certains parcs ne se sont d’ailleurs dotés de portails et de postes de surveillance que très récemment, et il s’agit là de leurs seuls attributs », précise Tim Sanders de l’agence John Taylor.
« Les Hauts de Saint-Paul accueille 120 boîtes aux lettres en sommet de colline. Les transactions, au nombre de cinq par an, se situent en moyenne entre 2 et 5 M €, tandis que l’exception - comprendre 1000 m2 habitables sur une parcelle de 8000 m2 face à la bande littorale allant de la Riviera dei Fiori à la presqu’île de Saint-Tropez - flirte avec les 20 M € », reprend le spécialiste. Les résidents occasionnels issus des quatre coins de la planète, soit 75 % des habitants, se croisent, mais ne se côtoient pas forcément. Notre-Dame, sis à distance pédestre du village médiéval, rassemble huit unités au sein d’un univers discret et exclusif. Dernièrement, un client débourse 4 M € pour un terrain de 5000 m2, une maison à raser et un droit à bâtir de 10 %. Chaque domaine possède ses particularités. Le gardien demeure l’apanage du Golf d’Opio, édifié non loin des greens. Les 25 propriétaires, ravis de la prise en charge de l’intendance, n’oseront pas prétendre le contraire. Les tarifs oscillent de 1,5 à 3 M €, tandis que les charges annuelles n’excèdent pas 2000 €.
« Les coûts de fonctionnement du Castellet, un éden suspendu au-dessus de la rade de Villefranche, sont aussi relativement faibles. Les constructions contemporaines séduisent les oligarques russes et les personnalités du show-biz, dont Tina Turner », décrit Dominique André d’Aylesford - Immobilière Bellevue. La jumelée démarre à 1,5 M €, tandis que 600 m2, ouverts sur une double-piscine dominant la station balnéaire chère à Jean Cocteau, la baie des Fourmis et l’Estérel, atteignent 25 M €. Les pieds dans l’eau du Cap Martin n’ont rien à envier aux sublimes demeures du Cap Ferrat. Seuls les rois des matières premières, souvent originaires des pays d’Europe de l’Est, détiennent encore les moyens de l’ancienne maison de Mobutu et de ses voisines. Le ticket d’entrée se monnaie 15 M €. 240 M € constituent le record d’affichage. L’est du département semble, certes, moins fourni, mais tellement plus onéreux que l’ouest. A bien équivalent, le label « fermé et gardé » a une conséquence d’environ 30 % sur le prix.
« Castellaras, réputé pour ses réalisations Jacques Couëlle, et le Royal Mougins Golf Club, le choix tout indiqué lorsque l’on nourrit la passion de la petite balle et le goût du service hôtelier, ne perdent jamais de vue le divertissement des riverains », précise Alexandre Goldstein de Magrey & Sons. Davantage attachés à leur intimité, ceux des Parcs de Mougins privilégient la sécurité. Située à 10 mn de La Croisette, l’adresse, qui bénéficie de l’environnement verdoyant de la Valmasque et d’un accès rapide à l’aéroport international de Nice Côte d’Azur, est close et contrôlée 24 heures/24. La majorité des produits profitent d’extérieurs compris entre 2500 m2 et 1 ha et s’échelonnent de 2 à 3 M €, alors que les pointes frisent les 10 M €, le montant requis, par exemple, pour 700 m2 sur 1,2 ha. La Chapelle Notre-Dame-de-Vie compense par un foncier généreux, à l’instar du très confidentiel Redon, sans doute le secteur le plus huppé de Mougins, décidément la localité phare des amateurs d’ensembles de grand standing. A contrario, les aficionados de la Cité des Festivals recherchent d’abord un cadre agréable et des prestations confortables. Le classement domaine fait, ensuite, la différence. Exposées plein sud, les entités des Hauts de Cannes, édifiées face à la Grande Bleue sur l’incontournable chemin des Collines, développent de 200 à 600 m2 habitables sur 800 m2. 250 m2 valent ici 3-4 M €, contre moins de 5 M €, la somme exigée pour 570 m2 sur 3000 m2 dans un lotissement de la même artère. La différence de prix entre les homologues cannois tient essentiellement à la situation centrale et à la cote historique du premier.
Par Laetitia Rossi