L’investissement au Cap d’Antibes
Si le contexte international n’est pas des plus favorables, les adresses phares de la Côte d’Azur attirent encore les nantis de la planète, décidés à associer le plaisir à la sécurité du placement.
La péninsule antiboise change de vocation dès la moitié du XIXe siècle. Britanniques et Russes y bâtissent de belles villas. Aujourd’hui, les 2,7 km de sentier du littoral sis entre la Méditerranée et les hauts murs des châteaux de la Croë et de la Graoupe donnent un aperçu clair de la fréquentation de l’illustre cap. Dans la partie sud, du port du Croûton à celui de la Salis, moins de 1500 habitants vivraient à l’année. Les 3,7 km2 arborés présenteraient l’une des plus faibles densités des Alpes-Maritimes. La végétation luxuriante est l’apanage du Cap d’Antibes. En témoignent la Villa Thuret, le château de la Croë, le domaine de La Garoupe, les villas du Clocher, Sous Le Vent ou encore Eilenroc.
« Il règne toujours une ambiance particulière sur le Cap d’Antibes, une atmosphère privilégiée, une impression de vacances perpétuelles, à laquelle contribuent les commerçants », décrivent Martine Lemoine et Daniel Levant de Michaël Zingraf Christie’s. Ici, la qualité de vie se conjugue au quotidien. Tous restent attachés à une certaine authenticité, dont le plus bel exemple est le port du Croûton, où stationnent encore quelques pointus. Au cours des douze derniers mois, l’activité immobilière concerne essentiellement la tranche large de 1 M € - la somme requise pour un appartement de trois pièces de 70 m2 situé dans une résidence neuve ou une petite maison de 110 m2 à rénover, bénéficiant d’un COS résiduel, sur un terrain de 1000 m2 non loin d’une plage - à 15 M € - le montant exigé en échange d’une bâtisse d’au moins 400 m2, entièrement restaurée, sur une parcelle de plus de 2000 m2 particulièrement bien placée et dotée d’une vue mer panoramique. Européens de l’Est et du Nord, auxquels se mêlent 15 % de Français, voient dans le marché du cap, au-delà de l’achat-plaisir d’un lieu de villégiature, une sécurité de placement. En période de crise, le resserrement sur les adresses premiums est systématique.
« Le premier semestre 2013 se révèle calme, quand les trois derniers mois de l’année sont plus actifs, suscitant de nombreuses visites », précise Jörg Buchen d’Engel & Völkers. Parmi les dernières ventes, le professionnel évoque une villa de 500 m2 en bon état sur un terrain de 3000 m2 avec vue mer, qu’un Polonais paie 8 M €. La clientèle préfère le clé en mains aux biens à restaurer. Les acquéreurs positionnés sur la gamme 5-12 M € arrêtent exclusivement leur choix sur le Cap d’Antibes. Ceux prêts à débourser de 3 à 6 M € visitent aussi sur Cannes. Quant aux personnes sur le point d’injecter plus de 30 M €, elles comparent les trois caps des Alpes-Maritimes.
« D’acheteurs disposés à engager 3-7 M € dans une villa de quatre suites construite sur un terrain plat le cap d’Antibes ne manque pas. La tension vient davantage de la pénurie de références proposées », constate Aurélien Monnier de l’Agence du Cap d’Antibes, installé sur la presqu’île depuis deux décennies. Pour les vendeurs, rarement dans le besoin ou l’urgence, la fiscalité est dissuasive et la perspective de placement bancaire, peu alléchante. Beaucoup remettent leur projet de cession à plus tard. Les quelques propriétaires qui persistent surévaluent naturellement leur fief, creusant encore le fossé entre l’offre et la demande. La location saisonnière, qui demeure néanmoins soutenue, observe les mêmes mécanismes. Une maison de trois-quatre chambres avec piscine et panorama azur s’occupe moyennant de 5000 à 10.000 € la semaine d’été. Si l’intérêt des Européens du Nord et de l’Est ne fait aucun doute, le panel de biens s’avère restreint. Les qualités du Cap d’Antibes garantissent son avenir. Des mesures incitatives fluidifieraient le marché immobilier.
