Monaco, cap sur le luxe
Alors que la finance internationale s’enrhume, la Principauté de Monaco serait en mesure de présenter l’appartement le plus onéreux de la planète. Au sein du micro-état, le prestige est, désormais, érigé en carte de visite. Gros plan sur un marché aux spécificités bien ancrées...
En Principauté, un territoire souverain limitrophe des communes de Cap-d’Ail, Beausoleil, Roquebrune-Cap-Martin et La Turbie, le renouvellement des populations est constant. 35.900 individus, français, italiens, britanniques, monégasques, voire issus d’une autre minorité, se côtoient au sein des 2 km2 que compte sa superficie. Au-delà de l’intérêt fiscal pour certaines populations, tous s’entendent sur la qualité de vie entre les boutiques de luxes et les hôtels réputés, sur la place du Casino comme à Fontvieille. Le plus fort PNB du monde, mais pas seulement : un immobilier sûr et pérenne, semble-t-il, au regard de la résistance dont fait preuve l’état princier. Construire sur l’eau n’a plus rien d’inédit en Principauté. Qu’à cela ne tienne, l’élégante tutoie les nuages. En témoigne la tour Odéon, haute de 49 étages. Non contente de coiffer au poteau les immeubles voisins, la construction recèlerait l’appartement le plus cher du monde, devant Hong-Kong et Londres. On exigerait ainsi 300 M € contre 3300 m2 répartis sur cinq niveaux.
« L’immobilier monégasque se porte mieux qu’il y a quelques mois et montre davantage de vigueur que les autres places européennes », note Elodie Blanc-Sardi de Miells & Partners. L’heure est à l’achat ou au moins à l’envie. La clientèle s’enrichit de nouvelles nationalités au gré des aléas politiques et économiques des différents pays. Monaco s’inscrit comme le refuge de l’Europe, un site aussi sûr que stable, où il fait bon vivre. Et investir, même si l’opération est, aujourd’hui, davantage patrimoniale que spéculative. Les demandes s’échelonnent de 1,5 M € - la somme requise contre un studio dans un bâtiment moderne de Saint-Roman et Fontvieille ou un trois-pièces ancien de 80 m2 de la Condamine, du Jardin Exotique ou en proximité immédiate de Beausoleil - à 20 M € - une enveloppe exigée en échange d’un penthouse de 300 m2 à Fontvieille, doté d’une piscine privative. On observe clairement une montée en gamme des prestations du parc immobilier monégasque. Jadis vieillissant, il est régulièrement rénové pour répondre aux désirs d’acquéreurs exigeants. Si le contemporain fait des émules, il subsiste de beaux objets mâtinés par les décennies, à l’instar de cet appartement de maîtres, situé sur le boulevard de Suisse - 300 m2 en surplomb du port Hercule, présentés à 16,5 M €.
« Les secteurs les plus demandés restent le Carré d’Or et le bord de mer, soit Fontvieille, le port Hercule et le Larvotto. Le panorama azur s’inscrit comme un critère incontournable. La tendance est à la quête de luxe et d’excellence », constatent Eugenia Petrini et Luciana Lebon de Lacosta Properties Monaco. Très présents, les Européens de l’Est se mélangent à une clientèle toujours plus internationale. Souvent, la location sert de tremplin à l’achat. La demande porte essentiellement sur le quatre-pièces familial, dans une « ville » réputée pour sa sécurité et ses écoles. L’ancien oscille de 20.000 à 25.000 €/m2, quand des prestations haut de gamme, associées à une plongée Méditerranée et une adresse premium, font grimper le ratio à 60-70.000 €/m2. Les résidences Mirabeau, Sun Tower et Park Palace, dans le Carré d’Or, et 21 Princesse Grace, sur le front de mer, tiennent le haut de l’affiche. Les tours Odéon, disponible à l’achat, et Simona, offerte à la location, relèvent justement de cette inclination forte au nivellement vers le haut de la pierre monégasque. Affiché à 55.000 €/m2, cet appartement du Palazzo Leonardo, 750 m2, dont 250 m2 d’extérieur, pourvu de sept places de parkings, suscite de nombreuses visites.
Arash Shams de Royal Riviera Immobilier rejoint sa consœur sur le succès de l’appartement de trois chambres, proche du casino, du port ou de la plage, une denrée commercialisée aux environs de 10 M €. « La tour Odéon, vraisemblablement livrée courant 2014, constitue une belle carte de visite pour la Principauté. Les retombées d’image sont ultra positives, en tout cas en phase avec l’orientation de l’adresse. Au sein du parc, largement morcelé par le passé, les grandes surfaces ouvertes sur la Grande Bleue sont rares. Quant au segment individuel, il n’est quasiment pas représenté. La configuration même du territoire monégasque renforce le caractère exceptionnel de cette villa édifiée sur le port Hercule, autrement dit sur le circuit du Grand Prix de F1 : 634 m2 habitables, 41 m2 de balcons, 100 m2 de toit-terrasse et 590 m2 de jardin, à 59,5 M €. En Europe, Monaco ne semble pas connaître la concurrence. Au niveau mondial, Singapour et Dubaï se positionnent peut-être sur un segment similaire même si de cruciales disparités empêchent toute comparaison. Monaco profite du rayonnement de la Côte d’Azur et offre une réelle perspective d’intégration. Les infrastructures, dont le Yacht Club signé Norman Foster, portent haut ses couleurs, alors qu’un tissu associatif dense favorise les échanges.