Monaco : une bonne rentrée
Le micro-état le plus cosmopolite de la planète ne semble pas pâtir de la morosité économique ambiante. La location, une étape souvent décisive avant l’acquisition, se porte bien. Selon les professionnels, « La Principauté ferait l’objet d’un renouvellement démographique constant ».
Limitrophe de Cap d’Ail, Beausoleil, Roquebrune-Cap-Martin et La Turbie, Monaco abrite des Français, des Italiens, des Britanniques, ainsi que ses propres ressortissants, une population qui représente 21,5 % des 35.900 occupants enregistrés. Ils partagent, avec les autres nationalités, 1,974 km2 en toute harmonie. Car c’est bien de cela dont il s’agit : la Principauté fait de la qualité de vie son fer de lance, son meilleur atout. Si la fiscalité demeure intéressante, il fait bon déambuler dans les rues, ponctuées de boutiques de luxe, d’hôtels de renom, de bonnes tables et de verdoyants jardins. A l’heure où les places financières frémissent, elle arbore le plus fort PNB du monde par habitant. Un chiffre qu’il convient, sans doute, de nuancer, au regard des 30-40.000 personnes de l’extérieur qui y contribuent chaque jour. Depuis la réalisation de la digue en 2003 - 360 places de parking, 25.000 m2 destinés au stockage, deux gares maritimes, des bureaux publics et des locaux commerciaux -, les projets de développement vont bon train. En témoigne la double tour Odéon de 49 étages. Quand Monaco ne gagne pas du terrain sur la mer, elle n’hésite pas à s’élancer vers le ciel. Services, commerces, immobilier et tourisme constituent ses principales sources de revenus, sans oublier la TVA.
« Depuis le début de l’exercice 2012, les investisseurs manifestent un regain de confiance, salutaire après des mois d’attentisme. L’immobilier montre une réelle vigueur durant l’été. La pierre monégasque est à nouveau érigée en valeur forte, sûre et pérenne », constate Elodie Blanc-Sardi de Miells & Partners. Les cinq dernières signatures orchestrées par l’agence se situent entre 5,5 M € - la somme requise en échange d’un T4 d’environ 160 m2 en bon état - et 15 M € - exigés contre un penthouse de quatre pièces, prolongé par 200 m2 de terrasse avec bassin. 60 % des acquéreurs, européens en grande majorité, ciblent un usage résidentiel, 40 %, le placement patrimonial. L’ère spéculative est clairement révolue. La moitié vit déjà à Monaco et profite de l’augmentation des stocks, du léger tassement des prix et de l’assainissement du marché. L’attrait fiscal existe, mais ne suffit pas. Tous apprécient la sécurité, la propreté, le climat, l’offre de commerces et de services et la situation géographique couplée à la présence d’un aéroport international ultra dynamique. La seule difficulté tient à la satisfaction d’une clientèle exigeante, séduite par des prestations haut de gamme et les références clé en main.
« Désormais, les prix sont stables et le Carré d’Or a toujours la cote. Il convient de tabler sur un mètre carré compris entre 60.000 et 70.000 € pour un produit de prestige en étage élevé dans un immeuble situé autour de la fameuse place du casino. Plusieurs biens dans la gamme ont d’ailleurs trouvé preneurs cet été. Sur le segment, les Européens de l’Est restent les plus actifs », commentent Eugenia Petrini et Luciana Lebon de La Costa Properties. Le dernier trimestre fait la part belle à la location, l’antichambre de la transaction. Le resserrement sur les adresses et prestations premiums s’inscrit comme le dénominateur commun. Le goût pour les surfaces moyennes et grandes apparaît en filigrane. Autant de signes qui laissent présager d’une fin d’année porteuse, aux antipodes des prévisions sur les marchés immobiliers dits classiques. On s’installe à Monaco en famille. La Principauté est un cocon rassurant, un éden dévolu au « bien vivre ». Des projets d’envergure voient le jour et devraient permettre de faire face à cette demande ciblée.
Parmi les dernières ventes, Angela Kleiber, la propriétaire de Lorenza von Stein, évoque un trois-pièces à rénover de 130 m2 au Mirabeau, ouvert sur une terrasse de 40 m2 orientée sur la Grande Bleue, obtenu par un Russe moyennant 10 M € environ. Les Européens de l’Est plébiscitent le Carré d’Or. Pourvus d’enveloppes conséquentes, ils ne se contentent pas d’une adresse en Principauté, mais s’intéressent, également, à l’achat ou à la création d’entreprise. Un Kazakh, sportif de haut niveau, injecte, ensuite, 2,8 M € dans un trois-pièces de 130 m2 du côté du Jardin Exotique. Et il n’est pas le seul dans ce cas, renouant ainsi avec une ancienne tradition monégasque. Le secteur présente encore un bon rapport qualité/prix. Parallèlement, l’émergence de deux programmes de grand standing tire l’offre vers le haut. On les dit investisseurs, l’un d’entre eux le prouve : un Chinois débourse 3,5 M € pour 110 m2, entièrement repensés par un designer de renommée internationale, dans un immeuble bourgeois. Aussitôt acquis, aussitôt loué à une rentabilité de l’ordre de 2,3 %, à mettre en perspective avec la valeur patrimoniale. Les superficies généreuses ont le vent en poupe et par là même Fontvieille, un quartier prolixe en la matière. Les plaisanciers comme les autres aiment l’esprit village, les panoramas azur et la tranquillité. Récemment, un client s’allège de 10,7 M € contre un T4 de 200 m2 sur le port de charme.