Saint-Paul, le charme absolu
La réputation de la commune de 3340 habitants dépasse largement les frontières du département, voire du pays. Lieu de villégiature, le bourg perché suscite, également, l’intérêt des autochtones. De la villa provençale à la luxueuse propriété des Hauts-de-Saint-Paul...
Saint-Paul doit ses remparts à François Ier, décidé à transformer le site en place forte entre 1538 et 1547. Alpes et Méditerranée en toile de fond, le village s’inscrit, aujourd’hui, comme une étape incontournable de la visite azuréenne. Les amateurs d’art trouvent leur bonheur dans les nombreuses galeries ou à la Fondation Maeght, véritable antre de l’expression artistique contemporaine, de Miró à Giacometti, de Chagall à Léger. L’auberge de la Colombe d’Or, sur la place centrale, reste un lieu mythique, fréquenté tant par les artistes que par les capitaines de la finance et de l’industrie internationales.
« 60 % des signatures orchestrées par John Taylor se situent sur la tranche 1,5-2,5 M €. La clientèle se partage à part égale entre acheteurs du principal et du secondaire, français et étrangers. Elle obtient une villa de 180-250 m2 sur une parcelle de 1500-2500 m2 des collines résidentielles », débute Jean-Claude Hilaire. 30 % oscillent, ensuite, entre 3 et 5 M €. Les résidents monégasques et les Nord-européens, positionnés dans la gamme sans qu’aucune nationalité ne se détache, cherchent un lieu de vacances. Forts d’une telle enveloppe, ils briguent des surfaces habitables de 300-400 m2 sur des parcelles de 3000-6000 m2, souvent pourvues d’une vue mer. Si le label Saint-Paul existe, beaucoup raisonnent en secteur acceptant les collines de La Colle limitrophes au nom des qualités intrinsèques du bien. 10 % ciblent, enfin, une adresse aussi sélecte que les Hauts-de-Saint-Paul, un domaine privé réputé pour ses panoramas spectaculaires, et déboursent des sommes équivalentes ou supérieures à 10 M €, synonymes de 500 m2 habitables et au-delà, des logements de gardiens et d’amis en plus des bâtisses principales, sur des terrains paysagers de 5000 à 10.000 m2. La denrée suscite l’intérêt des résidents monégasques, des Européens de l’Est et des Moyen-orientaux, même si ces deux populations préfèrent clairement les caps. La situation géographique de Saint-Paul, à 20 mn de l’aéroport international Nice Côte d’Azur, aux portes des grandes agglomérations des Alpes-Maritimes, non loin des plages, constitue un atout de poids. Comme le cadre naturel, le village typique et l’environnement verdoyant.
« Dans la catégorie supérieure à 1 M €, le décalage entre la demande et l’offre est chronique », insiste Jacqueline Burns-Sorridente de l’Agence Burns. Les acquéreurs potentiels multiplient les propositions audacieuses, bien décidés à faire un coup de fusil dans un contexte de crise. Or les vendeurs, pourtant disposés à consentir à quelques efforts dans la mesure du raisonnable, ne sont pas prêts à sacrifier leur fief. « A quelques exceptions près… », avertit la professionnelle. La dimension affective est clairement secondaire. Seuls comptent l’emplacement et la perspective de négociation. D’autres se montrent peu rassurés par la fiscalité, inhérente à la pierre mais aussi aux « frais de fonctionnement ». L’augmentation de la taxation du personnel de maison n’est pas passée inaperçue. Sous la barre des 800.000 €, les acheteurs s’attendent aussi à des baisses de prix, dans des proportions cependant plus acceptables. Généralement, ils les obtiennent, à condition que les vendeurs récupèrent au moins leur mise de départ. C’est le cas dans la transaction de cette jumelée de 100 m2 en bon état et de son jardin de 380 m2, signés à 320.000 €.
« Le réajustement de prix ne fait aucun doute. Nous venons de vendre 1,8 M €, sans doute sa valeur réelle, une maison sous compromis à 2,6 M € il y a quelques mois - 700 m2 à remettre au goût du jour sur une parcelle de 7000 m2 située dans un quartier calme et orientée sur la Méditerranée », commente Gilles Pieri de Capital Immobilier. Les dernières concrétisations oscillent d’ailleurs entre 800.000 et 2,2 M €, alors que la gamme autour de 5 M € fonctionne au ralenti. Les dossiers, de plus en plus compliqués, requièrent un traitement précis et avisé. Et le rôle de l’agent immobilier se révèle primordial. La moindre insuffisance de sa part peut être lourde de conséquences. Outre la connaissance du terrain, le professionnel se doit d’envisager l’aspect investissement. Car au-delà du plaisir, la pierre reste un placement sûr et pérenne. En quinze ans de métier, Gilles Pieri n’évoque qu’une seule vente à perte. Le deuxième trimestre s’avère plus porteur que le précédent, paradoxalement sous-tendu par les Hexagonaux. La perspective de l’inauguration à l’horizon 2015 de Polygone Riviera, un centre commercial, de bureaux et de loisirs à ciel ouvert (200 emplacements, 1500 emplois générés, 3000 places de parking enterrées et de prestigieuses enseignes en lice) est encourageante.