Saint-Tropez redémarre
De la citadelle du XVe siècle à l’une des stations balnéaires les plus courues de la planète, en passant par le village de pêcheurs, Saint-Tropez connaît un destin hors norme. Si on annonce régulièrement la concurrence de destinations en vogue, la belle varoise tient, encore et toujours, le cap.
La présence, dès les années 1950, des artistes de la Nouvelle Vague et des Yéyés porte haut les couleurs de la commune, découverte par Paul Signac et fréquentée par Matisse, Bonnard, Marquet ou Brigitte Bardot. Chaque été, la jet-set du monde entier s’y retrouve. Deux palaces, huit hôtels quatre étoiles et onze trois-étoiles partagent l’espace avec un parc immobilier de grande qualité.
« Dès le mois de juin, les plages branchées et les boutiques tendances sont prises d’assaut, tandis que les touristes contemplent les prestigieux yachts amarrés dans le port typique aux teintes sardes », décrit Valérie Chandler de Saint-Tropez Home Finders. Mais, c’est en basse saison que l’on peut réellement apprécier la nature profonde du site, au détour d’une ruelle pavée, sur la place des Lices, qui accueille le mardi et le samedi le marché provençal, et celle aux Herbes, agrémentée d’étals de fruits, de légumes, de fleurs ou encore de poissons vendus à la criée. Les amateurs de vieux gréements raffolent des Voiles de Saint-Tropez. Proches du centre, les quartiers historiques - La Belle Isnarde, Sainte-Anne et Les Carles - renferment des propriétés anciennes, parfois orientées sur le village ou la Grande Bleue. L’accessibilité pédestre au centre justifie les prix hauts. Quelques arpents de vignes rehaussent le paysage. Sur la partie nord, les très ensoleillés Canoubiers, la Moutte et les Salins abritent de vastes parcelles nichées en pleine nature. Ici, les plages sont intimes et sauvages, tranchant radicalement avec les incontournables étendues sablonneuses de Pampelonne. Exclusif à souhait, Les Parcs de Saint-Tropez reste l’adresse de prédilection des nantis, convaincus d’y côtoyer un bon voisinage. Ils accueillent les pieds dans l’eau les plus beaux et les plus onéreux de la presqu’île.
En allant vers Ramatuelle, on découvre le Capon et le Pinet, des ensembles ultra prisés qui recèlent de splendides demeures et de luxuriants parcs, sis à l’abris des regards indiscrets. Près de la plage Tahiti, le domaine de la Capilla jouit, enfin, d’un cadre époustouflant sur la mer. « Les belles unités, de 500 m2 habitables sur 1 ha, profitant d’ouvertures sur la Méditerranée peuvent s’échelonner de 30 à 40 M €, voire plus », précise encore Valérie Chandler, qui n’a pas connu de réel recul d’activité en 2008 et 2009. « Depuis février, les visites semblent reprendre un rythme de croisière satisfaisant, après des mois de calme », poursuit Alex Filippini d’Alex Agency. Les férus d’appartements, Français, Italiens, Hollandais et Anglais dans une moindre mesure, engagent de 500.000 à 1,5 M €. Le produit standard sans vue particulière se négocie à 10.000 €/m2, une valeur référence modifiée selon la situation, l’état et les prestations.
Sur le port ou dans le quartier de la Ponche, le collectif peut facilement atteindre 20.000 €/m2. Concernant le segment individuel, la demande porte principalement sur des unités construites à quelques minutes de marche de la place des Lices. Aujourd’hui, le style contemporain rassemble de nombreux adeptes, alors que le provençal paraît tomber en désuétude. Le ticket d’entrée flirte avec les 3,5 M €, soit la somme requise pour 200 m2 en bon état sur un terrain de 500 m2 privé de vue mer, une denrée rare au sein d’un marché exclusif et élevé. La moyenne des transactions se situe autour de 6 M €. Cependant, la clientèle, susceptible de dépenser de 15 à 30 M €, est encore présente. Elle s’intéresse à cette villa de 600 m2 dans un jardin paysager de 5000 m2 dominant l’immensité azur, aux alentours de 20 M €. « Malgré la crise, les prix se sont maintenus, légèrement corrigés à la baisse tout au plus. La grande différence tient à la marge de négociation. Il n’est pas rare que les propositions 20 % sous le chiffre affiché passent », précise Philippe Blatgé de Saint-Tropez & Riviera Estate.
La « reprise » s’avère aussi brutale que la récession de l’automne 2008. « Mais, une disparité entre l’offre et la demande persiste. Une maison de 300 m2 affichant quatre ou cinq chambres sur un terrain arboré de 5000 m2 face à la Grande Bleue s’échelonne de 8 à 12 M €. Or, les clients attachés à ces critères souhaitent engager de 7 à 10 M €. » Actuellement, on exige entre 12 et 13 M € pour 350 m2 habitables sur 6700 m2. Le panorama mer compte pour beaucoup dans l’appréciation. Un objet identique sans cette particularité, situé à 200 mètres de là, coûte, ainsi, la moitié du prix. De même, l’adresse tropézienne constitue une valeur sûre. La preuve : les autres cités de la presqu’île offrent des produits tout aussi qualitatifs à des coûts sans commune mesure. « Le Domaine Azur Roc », construit à proximité de Beauvallon, reçoit, par exemple, cinq villas neuves de 330 à 500 m2 au sein d’un espace verdoyant de 10 ha surplombant le golfe, commercialisées entre 4,5 à 7 M €.
Par Laetitia Rossi
