Saint-tropez, un placement
La décennie 1950 signe la nouvelle orientation du petit port de pêche varois. Aujourd’hui station balnéaire de rayonnement international, la cité, jadis chère aux artistes de la Nouvelle Vague et des Yéyés, s’inscrit comme le spot estival des célébrités et autres capitaines de l’industrie.
Réduire l’incontournable Saint-Tropez, 4550 habitants, à sa seule vocation festive revient à omettre la quintessence de la bourgade, alanguie sur la Méditerranée, offerte à une nature luxuriante, conjuguant la qualité de vie au quotidien. La commune, adossée à une colline, s’épanouit en croissant sur un territoire de 1108 ha. Sa particularité urbanistique tient aux larges parcelles ponctuées de villas, articulées autour du cœur historique et de la place des Lices. Parmi les illustres pensionnaires figurent Guy de Maupassant, Paul Signac, Colette, Jean Cocteau, Arletty et Brigitte Bardot, tombée sous le charme lors du mythique tournage de « Et Dieu créa la femme ».
« L’assertion de Charles Baudelaire « Là, tout n’est qu’ordre et beauté, luxe, calme et volupté » convient parfaitement à la très glamour cité tropézienne », débute Delphine Blet de Showroom Immobilier. Plus qu’une adresse, Saint-Tropez est un art de vivre, du goût d’une clientèle exigeante, tant attachée à l’environnement préservé qu’au confort des biens. Chaque année, 5 M de visiteurs foulent son pavé. Près de 60 % des bâtisses sont dévolues à un usage secondaire. Si les prix surfent sur des barèmes relativement élevés, les acquéreurs, désormais réalistes, ne surpaient pas, n’hésitant pas à faire des offres audacieuses. L’agent immobilier ne doit pas prendre les mandats à n’importe quel tarif, mais au contraire, informer, renseigner et pondérer les excès. Le moindre écart ne pardonne pas et contribue à l’allongement des délais d’écoulement. Seules les références de qualité, bien placées et en parfait état, échappent aux négociations âpres. Si le style provençal tombe en désuétude, le contemporain a de belles heures devant lui. Le foncier étant rare, les acheteurs se lancent régulièrement dans de colossales rénovations, quitte à raser l’existant. La majeure partie des demandes se situe entre 2 et 5 M €. La vue mer démarre à 10 M €, et la configuration pied dans l’eau, à 20 M €.
« Malgré la crise ou les incertitudes générées par l’instabilité de la législation fiscale, le marché demeure actif et des biens trouvent preneurs à condition de présenter un rapport qualité/prix cohérent », indique Pia Frei de Saint-Tropez Home Finders. Les places fortes telles que Saint-Tropez constituent autant de réserves patrimoniales et de perspectives d’investissement pérenne. Une villa à rénover de 160-240 m2 sur une parcelle de 1000-1500 m2 du côté de Sinopolis vaut 2 M €. 5 M € sont requis pour une maison en parfait état de 220-300 m2 habitables sur un terrain de 3000 m2. Allemands et Suisses, les premiers bénéficiant d’une économie relativement solide et les seconds, d’une parité monétaire avantageuse, professions libérales et chefs d’entreprise, se positionnent sur le marché, séduits par une nature généreuse et les plages de sable blond de Pampelonne et de La Moutte. Pourvu en commerces et services, Saint-Tropez possède un charme certain, même en hors saison.
Sur les deux dernières années, Savills French Riviera conclut quelques belles ventes, parmi lesquelles le plus haut prix jamais enregistré sur la presqu’île. « Dans la même famille depuis trois décennies, la propriété historique de la colline du Pinet, véritable ensemble immobilier sur plusieurs hectares, reçoit tous les grands de ce monde avant de tomber dans l’escarcelle d’un Européen de l’Est. » Tenu à une certaine confidentialité, Jean-Claude Caputo n’en dira pas plus sur le montant. Sauf à ajouter que « le haut de gamme tropézien se porte bien, en dépit des crises internationales ». Acheter là revient à adhérer à un mode de vie, entre les moments de détente dans les champs de vigne et les fêtes sur le port coloré, du week-end pascal aux Voiles de Saint-Tropez. La baie des Canoubiers, Les Parcs de Saint-Tropez, Les Salins, Le Capon, Le Pinet, Bellevue et Saint-Anne tiennent le haut de l’affiche. Comparable aux caps Ferrat, d’Antibes et Martin, la destination draine une clientèle encore plus internationale, à laquelle se mêlent des Français. Le segment collectif se révèle, également, porteur : un appartement de 100 m2 dans un immeuble récent, pas forcément situé dans l’un des quartiers les plus prisés, démarre à 800.000 €.