Un éden entre Nice et Monaco
Baptisée la presqu’île des milliardaires, la péninsule bénie des dieux, complantée de palmiers, oliviers et pins d’Alep, attire célébrités et autres fortunés des quatre coins de la planète depuis plus d’un siècle. La majorité souhaite l’habiter, beaucoup sont déjà très heureux de la voir s’inscrire dans la vue.
Situé à 20 mn de l’aéroport international de Nice Côte d’Azur, le Cap Ferrat sépare Villefranche-sur-Mer de Beaulieu. Etablissant la jonction entre la plage de Passable et le port de Saint-Jean, le sentier du Littoral arbore 11 km de côte escarpée. La sublime péninsule développe 282 ha de végétation. Les 500 villas qu’elle recèle s’intègrent parfaitement au décor naturel. En témoigne celle de la baronne Ephrussi de Rothschild, plantée sur une colline de 7 ha, ou encore La Leopolda, l’une des propriétés les plus chères du monde selon la presse internationale, édifiée à la demande de Leopold II roi des Belges. Ils sont nombreux les illustres pensionnaires : Edith Piaf, Charlie Chaplin, Elisabeth Taylor, Tony Curtis, Romy Schneider, le Général de Gaulle, Winston Churchill, Georges Bush, Bill Clinton, Boris Eltsine ou les artistes, Henri Matisse, Marc Chagall et Jean Cocteau. Attachés à une certaine confidentialité, les capitaines de l’industrie et autres magnats de l’informatique apprécient la proximité de la Principauté de Monaco qu’offre l’éden aux nuances de vert et de bleu.
« Le marché est définitivement orienté acquéreurs », annonce d’emblée Christophe Lemieux de l’agence Michaël Zingraf Real Estate affilié Christie’s International Real Estate. « Sur le segment de 10 à 30 M €, l’activité va bon train. De 2 à 7 M €, la demande est en sommeil et le stock de biens à 5 M €, par conséquent, pléthorique. Au-delà de 50 M €, la gamme pâtit clairement de la crise politique en Ukraine, du recul du rouble et de la situation russe, autant d’explications à la timidité des jadis très euphoriques acquéreurs vedettes du cap. Parmi les dernières ventes sur le Cap Ferrat, le spécialiste évoque une bâtisse pied dans l’eau, en passe d’être rasée, et son terrain de 8000 m2, partis à 23 M €, sur le versant ouest, un secteur qui ne règne plus en maître incontesté depuis la réfection de quelques beaux domaines en première ligne sur l’est. Très récemment, l’un d’entre eux trouve preneur entre 25 et 30 M €, alors qu’une deuxième ligne est sous compromis à 30 M €. Une maison de 350 m2 sur 2200 m2 près du Grand Hôtel, pourvue d’un accès privatif à la mer, au sein d’un environnement rocailleux, change de mains moyennant 18 M €. La preuve que la vue grand large au sud du cap a moins le vent en poupe que les côtes que l’on peut observer depuis l’ouest et l’est de la célèbre avancée de terre.
« La clientèle russophone est plus discrète et attentiste, mais néanmoins toujours présente, alors que les Britanniques et les Américains, deux populations avantagés par la parité monétaire, confirment leur grand retour », note Sébastien Le Graverend de l’agence John Taylor, avant d’évoquer une première vente à un Chinois, autour de 4 M €, et quelques autres contacts venus d’Asie. Le cœur de la demande concerne des surfaces habitables d’au moins 300 m2 orientées sur la Grande Bleue, au-delà de 10 M €. Les propriétés pied dans l’eau, une denrée à partir de 20 M €, cristallisent l’intérêt de la clientèle, quand l’entrée de gamme - comprendre 200-250 m2 en mauvais état sur une parcelle de 1500 m2 aux environs de 4 M € - serait davantage à la peine. Le Cap Ferrat campe une excellente valeur-refuge, un investissement pérenne. Un emplacement de premier choix, un panorama azur et un généreux terrain constituent autant de garanties. Un bien correctement estimé trouve preneur sans délai. L’achat émotionnel tend à disparaître au profit d’une démarche raisonnée et raisonnable, malgré les niveaux de prix élevés. Quand la finance internationale s’enrhume, les acheteurs fortunés resserrent leur champ d’investigation sur les adresses premiums. La demande sur le Cap Ferrat est souvent exclusive. La majorité choisit l’écrin végétal aux portes de Monaco. Encore faut-il en avoir les moyens : pourvus de 7-8 M €, les acquéreurs obtiennent une référence en parfait état à Villefranche ou à Beaulieu, dotée d’une vue magnifique sur la Méditerranée, un descriptif qui leur coûte bien 30 % de plus sur la péninsule voisine.
« Autre segment et pas des moindres : l’appartement. Rare, pour quiconque exige une surface habitable généreuse, un extérieur et une vue sur la mer, dans une résidence avec piscine », précise Benjamin Mondou de Century 21 Lafage Transactions. Avant de préciser que la catégorie évolue entre 15.000 et 20.000 €/m2, un barème moins élevé que sur La Croisette à Cannes, mais deux fois supérieur aux tarifs pratiqués dans les communes voisines de Villefranche- et Beaulieu-sur-Mer. La villa souffre du retrait des Russes, une population pourtant en passe de renouvellement grâce aux Anglo-Saxons, Chinois et Indiens. Maintenant, la tendance est clairement au clé en main et à la conciergerie de type palace. « Certains marchands de biens l’ont parfaitement intégré : ils mettent sur le marché des maisons aux dernier cri et standards de domotique, parfaitement décorées et équipées, jusqu’aux arts de la table et linge de maison. S’il est certain de son placement, l’acheteur veut profiter sans attendre ou subir les contraintes et tracas d’une phase travaux », conclut le professionnel.
