Une maison en Provence
Un fantasme national et un mythe international depuis la publication du ô combien célèbre « Une année en Provence » de Peter Mayle, auteur anglophone tombé sous le charme du Luberon. Incursion au cœur d’une région aussi séduisante que diversifiée...
Plus qu’un territoire du sud-est de la France aux paysages de carte postale, la Provence est une culture, un art de vivre au quotidien. Si elle court allègrement en PACA, du 13 au 04 et des Alpes-Maritimes à la Drôme en passant par le Var et le Vaucluse, le paysage et le style architectural ne se limitent pas aux frontières administratives.
Séverine Fabre et Sigolène Valancogne de Majordames Immobilier ont fait d’Eygalières, située dans les Alpilles entre Ménerbes et Saint-Rémy-de-Provence, leur terrain de prédilection. Accroché à un piton rocheux, le village de moins de 2000 habitants domine le vignoble et le champ d’oliviers. Il plaît aux artistes, mus par l’exceptionnelle lumière, et aux célébrités, friandes de discrétion et de sérénité. Le micromarché offre plusieurs types de biens, à commencer par des maisons de charme dans le bourg, en pierres sèches, ouvertes sur des cours intimes, de 500.000 à 1,5 M €, du goût d’une clientèle française ou anglaise plus âgée, sensible à l’hyper praticité et la faible logistique induite. Culture provençale oblige : le mas règne sans partage. A rénover, il peut dépasser 2 M €, quand il atteint les 4-5 M € après restauration. Hexagonaux, Belges, Suisses et Britanniques, désormais de retour, plébiscitent la catégorie. Les acheteurs étrangers peu enclins aux lourds travaux lorgnent les propriétés récentes jusqu’à 3 M €. Les Parisiens, majoritaires ici, apprécient la gare TGV d’Avignon, à seulement 2h40 de leur domicile. Malgré la crise de 2008 et le ralentissement du nombre de transactions, les prix se sont maintenus. Qualifiée, la clientèle est parfaitement au fait des valeurs. Au juste prix, les biens trouvent preneurs. La fréquentation estivale laisse présager d’un regain d’intérêt pour les adresses préservées, loin de l’ébullition des grandes villes.
Si techniquement l’Uzège n’est pas en PACA, le secteur gardois ne revendique pas moins une origine provençale. Entre Arles, Nîmes et Avignon, Uzès, 8400 âmes, alterne champs, garrigue et vigne, quand son célèbre marché bat son plein tous les samedis. Hervé de Maulmont de Catherine La Bruyère Immobilier privilégie les propriétés de caractère, anciennes ou contemporaines, ne retenant ainsi en mandat que 35 % des bâtisses visitées. Le professionnel décrit une maison de 140 m2 à 12 km d’Uzès, construite à la fin du XVIIIe siècle, à 230.000 €. Synonyme d’entretien réduit, elle se révèle idéale pour une résidence secondaire de Grenoblois, Parisien ou Genevois. Avant de poursuivre par un château, dont les bases remontent au XIe siècle, 810 m2 habitables, douze suites et une cage d’escalier monumentale, légèrement sous la barre de 1,5 M €. Les férus de vieilles pierres, désireux de s’essayer à la vie de châtelain, s’intéressent principalement aux qualités intrinsèques de la construction et font passer l’adresse au second plan. Le marché s’avère ainsi plus ouvert et par conséquent compétitif. A 2,5 km du centre historique d’Uzès, un mas agricole développe 654 m2 dans un parc de 1,2 ha. La suite principale en duplex n’arbore pas moins de 139 m2. Mise à prix : 1.950.000 €. La référence est susceptible de séduire la clientèle européenne désireuse de changer de vie. 73 % du chiffre d’affaires sont réalisés grâce aux acheteurs étrangers. Le spécialiste évoque même la venue récente d’Australiens et de Néo-zelandais, le rythme accéléré de transactions au premier semestre 2016 et le niveau de prix proche des barèmes de 2007. Oublié le marasme sur la tranche 800.000-1 M €.
Crée par Michel Veyrier, Vinea Transaction, spécialisé dans les domaines viticoles arbore neuf implantations dans les principaux vignobles français. Les trois agences du sud (Montpellier, Châteauneuf-du-Pape et Fréjus) couvrent tout l’axe méditerranéen. Le Languedoc s’inscrit comme la plus grande région viticole du monde, forte de 220.000 ha de vignes et d’un bon rapport qualité/prix avec une cotation moyenne de 20.000 €/ha. La Vallée du Rhône doit sa réputation à de prestigieux vins, dont Gigondas et Châteauneuf-du-Pape. Les tarifs débutent à 20.000 €/ha, lorsque les grands crus, à l’instar de l’Hermitage, flirtent avec le million d’euros l’hectare. La Provence surfe sur l’engouement manifesté pour ses rosés. Sur les littoraux du Var et dans les Bouches-du-Rhône, les prix commencent à 150.000 €/ha, alors que les vignes affichent des coûts à partir de 50.000 €/ha en Centre-Var, des ratios qui font des vignobles provençaux les plus chers en moyenne. Depuis 10 ans, le marché du vignoble est très actif et la clientèle française, bien représentée, attirée par un double changement de vie (activité professionnelle et cadre) mais aussi par les avantages fiscaux : abattement pour les habitations principales, exonération de l’ISF lorsque la propriété s’inscrit dans une activité professionnelle, avantages en cas de succession ou de donation et possibilité de procéder à des développements immobiliers avec moins de contraintes réglementaires. La moitié des acquéreurs, dotée de 2 à 3 M € au moins, vise clairement l’activité viticole. L’autre, pourvue d’une enveloppe de minimum 1 M €, cible le « hobby vineyard », entre la production de vins sur 5 ha et la propriété d’agrément. Les investisseurs étrangers restent essentiellement européens, les Chinois se concentrant dans le Bordelais. Le retour sur investissement n’est pas primordial car la plus-value s’effectue déjà mécaniquement sur le patrimoine.