Villefranche, Beaulieu, Saint-Jean : le triangle d'or
La plus somptueuse rade du monde à Villefranche, le plus riche ensemble architectural Belle Epoque à Beaulieu, le cap le plus prisé de la planète à Saint-Jean. La culture de l’exceptionnel règne ici sans partage. L’immobilier n’échappe pas à la règle. Les professionnels décrivent…
Des paysages de carte postale et des vues imprenables sur la Méditerranée… Le secteur formé par Villefranche, Beaulieu-sur-Mer et Saint-Jean-Cap-Ferrat bénéficie d’une situation idyllique, à 15 mn de l’aéroport international de Nice Côte d’Azur à l’ouest, et de Monaco à l’est. Plébiscité par les croisiéristes, Villefranche, près de 6900 habitants, s’articule en amphithéâtre sur la Grande Bleue du Mont-Leuze au typique et coloré centre historique. Beaulieu, 3760 habitants en hiver et 8000 en été, séduit tout autant les amateurs de Belle Epoque que les férus de plaisance grâce à son port de 800 mouillages. Les 500 villas du Cap Ferrat, une avancée de terre de 282 ha, font les yeux doux à une clientèle internationale. Quelques records mondiaux de vente immobilière figurent à son actif.
« Sur Villefranche et Beaulieu, la demande est soutenue et le choix, restreint », annonce d’emblée Benjamin Mondou de Lafage Century 21 Transactions. Parmi les dernières ventes, le professionnel évoque un appartement de 200 m2 au sein d’une villa Belle Epoque du boulevard Edouard VII à Beaulieu, doté d’une terrasse et d’un panorama azur. L’heureuse propriétaire en résidence secondaire, originaire du Pays de L’Oncle Sam, cherchait sur le secteur depuis plusieurs mois. Victime de son succès, l’adresse réunit tous les suffrages. La clientèle apprécie les commerces, les cafés et les restaurants, en grande partie renouvelés, et le dynamisme à l’année de la ville à taille humaine. D’autres lui préfèrent l’emplacement de Villefranche et ses vues mer aussi sublimes que vertigineuses. Un Belge s’y offre récemment une villa de 200 m2 à rénover, à quelques encablures du centre, prolongée par un jardin de 600 m2 orienté sur la Méditerranée, à 2,2 M €. Bien que désireux, au départ, de briguer un bien clé en main, il accepte d’injecter 1 M € supplémentaire dans les travaux plutôt que de retarder encore son projet d’acquisition. Si le potentiel du lieu n’a pas échappé à l’acuité des promoteurs, tous ne visent malheureusement pas les standards de qualité attendue par cette clientèle internationale et exigeante. Légère ombre au tableau qui ne parvient pas à entacher l’optimisme du spécialiste, qui espère le maintien de la stabilité des prix et des taux d’intérêts bas.
Quelques kilomètres seulement séparent Villefranche et Beaulieu du Cap Ferrat ; pourtant l’analyse diffère légèrement. « La faute à la difficile quête du point d’équilibre entre l’offre et la demande ou plutôt entre les prétentions financières des propriétaires et les dispositions des potentiels acquéreurs », précise Julien Fossat de l’Agence du Littoral, une institution présente sur site depuis 1946. Les seconds veillent désormais à la cohérence du rapport qualité/prix. Ils comparent évidemment avec Villefranche et Beaulieu, mais ne se décident pas pour autant à jeter leur dévolu sur les communes voisines. C’est encore sur le segment de 8 à 12 M € que le marché se montre vigoureux. Une enveloppe en phase, par exemple, avec une villa de 200 m2 habitables sur une parcelle de 1200 m2, en deuxième ligne, sur les boulevards du Général De Gaulle et Durandy, à Saint-Hospice, voire dans le quartier proche de la plage des Fosses. Les Russophones, moins présents à l’achat ne sont pas pressés non plus de se séparer de leurs possessions du cap, considérées comme des valeurs refuge, un phénomène qui accentue la rareté. Sur quelques propriétés de luxe hors marché, on sent poindre la concurrence de stations balnéaires telles que Marbella ou encore d’Ibiza, du goût des très jeunes générations. Mais le Cap Ferrat tourné vers Monaco pour l’offre de divertissements n’a pas dit son dernier mot.
Pour Ana Garcia de l’agence Valmont Riviera, le cœur de la demande s’échelonne entre 2 et 5 M €. A ce prix là, point de vue mer en perspective sur le cap. Un critère a contrario tout à fait accessible dans ce budget à Villefranche, Beaulieu et Eze. Une villa de trois-quatre suites dans un jardin d’environ 1000 m2 avec piscine, à deux pas des commerces, vaut ainsi 3-4 M €. Au-delà de 20 M €, il existe également un marché. Celui dans lequel évolue cette maison de six suites sur une parcelle de 1800-2000 m2 en première ligne du cap. Globalement, l’heure est au dynamisme, alimenté par une clientèle internationale. Anglais, Belges, Hollandais, Scandinaves et Américains s’intéressent au Triangle d’Or. Le retrait progressif des Russophones a rééquilibré l’activité : les négociations vont bon train et le rapport qualité-prix gagne en cohérence. La motivation à l’achat est double : les uns investissent, rassurés par le climat actuel de stabilité politique et économique de la France et la pérennité du secteur ; les autres rêvent de résidences secondaires ou semi principales adaptées à la vie de famille se retrouvant alors à comparer des références dans un périmètre large allant d’Eze à Mougins. Tout l’enjeu réside dans la pédagogie. Le rôle de conseil de l’agent immobilier est toujours plus pointu nécessitant des compétences sans cesse plus larges.