Villefranche : des vues de rêve
Limitrophe du quartier niçois du Mont-Boron, la cité de 6870 habitants s’articule en amphithéâtre autour d’une sublime baie, en surplomb de l’incontournable Cap Ferrat. Ponctué de trois corniches, le territoire urbain s’anime entre 0 et 500 mètres, de la Méditerranée au Mont Leuze.
Les croisiéristes apprécient le port de Villefranche-sur-Mer, un mouillage sûr épargné par les vents, la chapelle Saint-Pierre, décorée par Jean Cocteau et répertoriée aux monuments historiques, la citadelle Saint-Elme, construite au XVIe siècle, et le village médiéval du XIIIe. Des pointus attendent encore les pêcheurs, alors que les badauds, attablés aux restaurants de la baie devant les pittoresques façades colorées, lorgnent sur l’immensité azur. A quelques encablures, La Darse fait la part belle à la plaisance. De relief, la commune ne manque pas. Ses pentes, fréquentées par les Grecs et les Romains dès l’Antiquité, se coiffent d’une végétation généreuse. Fréquemment, la presse cite la station balnéaire et sa Leopolda, l’une des propriétés les plus onéreuses de la planète.
« Entre Nice et Monaco, le choix de l’adresse tient davantage aux critères immobiliers requis qu’aux communes elles-mêmes. A titre d’exemple, les amateurs de propriétés pied dans l’eau ou de terrains plats ont plus de chance d’obtenir satisfaction à Saint-Jean-Cap-Ferrat, à condition d’accepter des prix nettement supérieurs », indique Mathias Debois-Frogé de l’agence John Taylor. La vue plongeante sur l’une des plus belles rades du monde, dans laquelle s’inscrit la péninsule de renommée internationale, campe le meilleur argument de Villefranche. Beaucoup privilégient, ensuite, le Castellet, le seul ensemble fermé du triangle d’or. Le professionnel y évoque la vente récente d’une villa de 370 m2, refaite à neuf, sur une parcelle de 1200 m2 orientée sur la mer, à 4,5 M €. L’équivalent sur Saint-Jean coûte 8 M €. Hors exception, le segment dit haut de gamme s’échelonne de 2 à 10 M € et concerne, essentiellement, la résidence secondaire. Difficile de nier le ralentissement, lié à la crise de la zone euro et aux incertitudes fiscales. Particulièrement attentive aux évolutions législatives, la clientèle étrangère manifeste, cependant, un intérêt constant pour la destination, d’autant que l’heure semble être à la négociation.
« Il convient de distinguer deux marchés se partageant l’activité à part égale sur l’actuel exercice : l’appartement dans le village ou les alentours immédiats à moins de 500.000 €, un montant correspondant à un beau deux-pièces avec terrasse et vue mer, et la villa d’un certain standing, entre 2 et 10 M € », précise Martine Tosello de Century 21 Lafage Transactions. Le premier draine une majorité de Scandinaves, quelques Américains vraisemblablement de retour et des visiteurs ponctuels aussi surprenants que les Australiens, une nationalité curieusement bien représentée dans les récentes prises de contact. Les constructions individuelles de la Basse-Corniche et du Castellet attirent Russes et Britanniques. La fourchette haute correspond à une surface habitable de 350 m2 aux prestations irréprochables, sur une parcelle exposée plein sud comprise entre 2500 et 4000 m2 suspendue au-dessus de la Grande Bleue. La rade possède une renommée internationale. Le panorama est érigé en label. Les acheteurs se montrent évidemment sensibles à la proximité de l’aéroport de Nice Côte d’Azur et de Monaco, un pôle de divertissement chic et sélect. L’engouement des Européens de l’Est, longtemps cantonnés aux caps et à Cannes, se précise et s’intensifie.
« En dépit du contexte économique, les résultats enregistrés sur le front de la location saisonnière au cours de l’été dernier sont satisfaisants, avec un taux de remplissage proche des 80 % toute gamme confondue », avoue Frédérique Mathias d’Azur Méditerranée. L’appartement oscille entre 2000 et 20.000 €/mois, cette enveloppe autorisant un lot de trois chambres, pourvu d’un extérieur et d’une vue mer, dans une résidence avec piscine. La villa débute à 20.000 € pour atteindre, voire dépasser, 200.000 €. La Schiffanoia – 2600 m2 habitables, quinze suites, des salles de sport et deux piscines dont une intérieure – relève de la seconde catégorie. Les Russes ont attendu la dernière ligne droite pour réserver, bien décidés à négocier. Cette occupation estivale constitue dans 20 % des cas l’antichambre de l’achat. Les dernières signatures orchestrées par Azur Méditerranée montrent une baisse générale du budget justement alloué au secondaire. Des Russes paient respectivement 560.000 €, un T3 de 90 m2 avec terrasse dans un ensemble avec piscine, 1,5 M €, en échange d’une maison de 110 m2 à rénover dotée d’une vue mer et privée de plan d’eau, et 1,3 M €, un penthouse de 92 m2 à rafraîchir, prolongé par 150 m2 en plein air. Des Anglais s’acquittent de 720.000 € contre une petite unité individuelle à restaurer, proche du centre. Enfin, des Hexagonaux à la retraite déboursent 1.050.000 € pour 120 m2 à retaper, ouverts sur un jardinet.