Villefranche et Beaulieu
La première, pittoresque à souhait, plonge sur la Méditerranée. La seconde, fief incontesté de la Belle Epoque, s’épanouit à la jonction des Alpes et de la mer. Situées à 15 mn de Nice, de l’aéroport international et de Monaco, elles restent les garantes d’un investissement immobilier pérenne.
Charles II d’Anjou fonde Villefranche en 1295. Les siècles passent et la ville, de moins de 7000 habitants aujourd’hui, arbore un charme, renforcé par ses façades colorées, son littoral orné de restaurants, sa vieille ville typique et sa citadelle renfermant les œuvres de Cocteau, Volti ou Goetz. Desservie par trois corniches, la plus belle rade du monde bénéficie d’un ensoleillement exceptionnel et de vues spectaculaires sur la Grande Bleue. Riche de deux ports, La Santé et La Darse, la ville limitrophe de Nice dispose d’une belle qualité de mouillage. Beaulieu acquiert son indépendance en 1891. Plus réduit que le voisin, son territoire abrite 4000 âmes. Le bâti garde la trace d’une autre époque, où le lieu-dit recevait tout le gotha européen. Elégante, l’architecture n’a d’égal que la douceur de vivre qui règne sur la commune.
Villefranche et Beaulieu-sur-Mer forment avec le Cap Ferrat le Triangle d’Or, un micromarché peu concerné par les crises et les ralentissements, conforté dans sa position par la proximité de l’aéroport et de la dynamique Principauté de Monaco. Dominique André d’Aylesford International - L’Immobilière Bellevue indique même que les prix poursuivent leur ascension avec une hausse d’environ 15 % par an, sous-tendue par la demande étrangère, soit 90 % des acquéreurs. Anglais et Irlandais possèdent un fort pouvoir d’achat et une véritable connaissance du secteur. L’emplacement apparaît comme le critère premier ; la vue mer représente 40 % du prix. On note, cependant, une disparité de fréquentation. Familiale et active, la clientèle est plus jeune sur Villefranche, dont la géographie et le dénivelé impliquent l’emploi d’un véhicule ou une bonne condition physique. Les personnes âgées préfèrent Beaulieu, son village d’antiquaires, ses commerces accessibles à pied, sa configuration plate et ramassée.
Paul-Henri André distingue le segment commun, caractérisé notamment par une différence entre les prix affichés et vendus, et le hors norme, régi par une dimension affective. Les appartements villefranchois coûtent 6000 €/m2 lorsqu’ils se trouvent dans la vieille ville, privés de vue Méditerranée, et qu’ils nécessitent quelques travaux, 7500-8000 €/m2 avec le panorama azur, 10.000 €/m2, agrémentés de prestations de grand standing, 12.000-13.000 €/m2, en front de mer. Tous rêvent d’une résidence sise sous la basse corniche ; pourtant l’essentiel de l’offre évolue entre cette dernière et la moyenne. La grande corniche propose des valeurs inférieures de 40 %. Le boulevard Edouard VII et la Petite Afrique règnent sans partage sur Beaulieu, où le mètre s’obtient entre 6000 et 10.000 €. Alexandre Camellini de l’agence Dumas y observe un manque cruel de maisons. « Les trois quarts des mandats de villa ont été contractés sur Villefranche », précise-t-il. L’individuel démarre ici à 1,5 M € ; la transaction moyenne oscille entre 2 et 2,5 M € ; le haut du panier atteint 8 M €. Quant à l’exception, elle peut prendre la forme d’une propriété de 600 m2 habitables surplombant la rade et la Baie des Anges à 12 M €, édifiée dans la partie haute du Castelet, le seul domaine fermé du secteur. La Schiffanoia, un palais florentin de 2800 m2 prolongés par 700 m2 de terrasse sur 1,5 ha de terrain, vaut 60 M €. D’après le spécialiste, la villa Saint-Second, dressée sur l’avenue Léopold-II, sensiblement la même superficie et un parc plus important que la précédente, campe l’une des plus belles manifestations du luxe villefranchois. Difficile, enfin, d’ignorer La Léopolda, l’ancienne demeure du Roi des Belges, et son magnifique jardin. A Beaulieu, qui enregistre des envolées comparables, le ticket d’entrée avoisine 2 M €.
David Darmon d’Arenson Real Estate insiste sur l’aspect sauvage et immuable du paysage. Les acquéreurs étrangers, qui possèdent des demeures aux quatre coins de la planète, saluent les règles d’urbanisme drastiques, le Plan de Prévention des Risques et les nombreux espaces verts. Francophiles, ils aiment se confondre aux locaux et ne tardent pas à passer la moitié de l’année sur la Côte d’Azur. Il leur arrive de vendre pour acquérir mieux sans jamais souhaiter le changement d’adresse. Quelques-uns se paient jusqu’à quatre appartements, misant sur la valeur refuge. Après les Russes, 20 % des acheteurs, on remarque la percée, certes encore timide, des Américains. Parmi les vendeurs, 50 % sont français. « Il y a 18 mois, le nombre de transactions se tasse pour reprendre en juin dernier. L’incertitude pesant sur les marchés financiers favorise l’essor de la pierre », explique Dominique André. Le particulier en quête d’un lot sur le Triangle d’Or se heurte, désormais, aux marchands de biens hexagonaux et britanniques, mus par des coûts largement moindres en comparaison de ceux de Londres ou de Dublin. « Davantage complémentaires que concurrentes, les deux villes, tirées vers le haut par le Cap Ferrat, la péninsule la plus chère du pays, n’ont pas d’équivalent dans le département », conclut David Darmon.
