Le charme provençal
Le charme provençal
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Le charme provençal

Incursion au cœur des Alpilles et du Luberon, où beauté rime avec « bien vivre ».


Depuis dix ans déjà, Les Alpilles et Le Luberon ont le vent en poupe. Incursion au cœur de deux régions authentiques, où beauté naturelle et riche passé riment avec « bien vivre ».

Massif montagneux de 17.100 ha au nord-ouest des Bouches-du-Rhône, Les Alpilles courent sur 25 km, de la vallée du Rhône à celle de la Durance. Prolongement géologique des Alpes et du Luberon, elles se terminent en étendue maraîchère au nord de Saint-Rémy-de-Provence et s’évanouissent au sud dans la plaine de la Crau. On évoque souvent les festivals, les villages typiques à proximité d’Avignon, de Nîmes et de Marseille. Sans doute l’un des plus visités, Les Baux-de-Provence se dressent sur un plateau de 245 mètres dominant Arles. Avec pas moins de vingt-deux unités architecturales classées Monument Historique, ils attirent les promeneurs. A noter, le spectacle de la Cathédrale d’Image, une projection audiovisuelle sur 4000 m2 de paroi rocheuse. Réputé dans le monde entier, Saint-Rémy-de-Provence ne désemplit pas. Si certains osent comparer l’endroit au Saint-Germain-des-Prés des débuts, ce n’est pas un hasard : ici, on peint, sculpte, compose, travaille le vitrail et la céramique. Van Gogh évoquait « l’intensité et la puissance créative » du lieu. Aujourd’hui, la commune invite à la découverte de son œuvre au travers d’un itinéraire de vingt-et-un panneaux en lave émaillée. Saint-Rémy sert de cadre à de nombreuses manifestations : Fête’Art, ses expositions et ses happening publics ; les très européennes journées de la peinture ; et le Marché des Créateurs, rencontre autour de la mode, des arts de la table, de la gastronomie, du mobilier et du design. Au cœur des Alpilles, Eygalières s’épanouit entre vignes et oliviers, face à la montagne de Caume et à la Durance. Les amateurs de randonnées pédestres et de vélos plébiscitent l’endroit. Au sud, Maussane-les-Alpilles offre ses terres fertiles à la culture de l’olive. Tout comme Mouriès et ses quatre huiles AOC. Les deux communes partagent le premier rang national en matière de production oléicole. A Mouriès, on apprécie les traditions, on rend hommage à l’olive, à l’aïoli et au taureau (les arènes accueillent 3000 personnes). Le folklore a son importance et les défilés d’Arlésiennes remportent un franc succès. En y écrivant « Les Lettres de mon Moulin », Alphonse Daudet a contribué à la renommée de Fontvieille. La proximité d’Arles, d’Avignon, des Baux et de Saint-Rémy constitue un avantage certain. Lorsque l’on s’interroge sur les raisons de l’engouement, la douceur du climat et la qualité de vie reviennent sur toutes les lèvres. Les Alpilles, c’est la Provence vue de l’intérieur. Des personnalités y choisissent une résidence secondaire. Elles raffolent de la cuisine, colorée et inventive, fraîche et

goûteuse. Même le vin, les Coteaux des Baux-de-Provence, n’échappe pas à cette logique d’excellence. Hôtels, restaurants et maisons d’hôtes côtoient mas en pierre et propriétés exclusives. La région vit à l’année ; le calendrier s’égraine au rythme des festivals, dont celui des Alpilles, consacré aux musiques du monde d’origine rurale. Partout, l’histoire est présente, dans Les Antiques, le Moulin de Daudet ou la Citadelle des Baux.

Davantage ancrée dans le temps, la réputation du Luberon tient à la beauté de ses villages. De Manosque à Cavaillon, du Vaucluse aux Alpes-de-Haute-Provence, la diversité reste de mise : forêts de cèdres à Bonnieux, falaises d’ocres à Roussillon, grottes à Viens… Bonnieux apparaît comme l’un des plus beaux villages perchés du versant nord. Il regarde la plaine agricole de la vallée du Cavalon, les Monts de Vaucluse et le Ventoux. Le passé s’exprime dans son église d’obédience à la fois romane et gothique, les vestiges de ses tours et de ses remparts du XIIIe siècle. Très agréable enfin, le marché du vendredi. Au détour d’une route de murs en pierres plates, on découvre Gordes, bâti autour d’un château construit en 1031 et d’une église. Conçu dans la pierre du rocher qui l’accueille, il présente une architecture bien spécifique. Sans doute le site le plus réputé du Luberon, il reçoit le Festival des Pastorales, des fêtes votives et des rencontres musicales. Classé Monument Historique en 1977, le village des bories constitue un groupement d’habitats en pierres sèches. Le genre remonte à l’âge de bronze pour s’éteindre au XVIIIe siècle. Entre cavaillon et Apt, le vieux Goult et son pont-levis ont misé sur une restauration dans la pure tradition provençale. Depuis la place de la Madeleine, on contemple Gordes, Roussillon, Bonnieux, Lacoste et Ménerbes. A ne pas manquer : les rencontres artisanales et culturelles du mois d’août. Ménerbes s’étend sur un éperon rocheux à la manière d’un vaisseau et abrite de vieilles propriétés : Le Castellet, où séjourne en son temps Nicolas de Staël, La Carmejane, l’Hôtel de Tingry ou encore la demeure du Général d’Empire Robert, devenue ensuite la possession de Picasso. Aujourd’hui encore, artistes, musiciens et acteurs se réunissent dans le village loué par Nostradamus. « Qui n’aimerait pas Roussillon s’il aime la lumière, la couleur, l’ardeur, les vastes horizons et cette paix minérale des nuits étoilées du midi… », tout est contenu dans la description de Marie Mauron. Les ocres éclatent et partagent la vedette avec les maisons des XVIIe et XVIIIe siècles. La Saint-Jean ouvre le bal des manifestations. Incontournable, le Festival International de Quatuors à Cordes. Au sud Luberon, Lourmarin arbore des fontaines d’époque, des églises romanes et des maisons aux façades Renaissance. Aux abords, des bastides des XVIe et XVIIIe siècles ponctuent le paysage. Toujours dans le même secteur, Cucuron ne se dédie pas uniquement au tourisme, bien que très accueillant avec ses platanes bicentenaires, son étang et ses Estivades, tournées vers le théâtre, la musique et la poésie. La philosophie du Luberon réside dans l’attachement de l’homme à son terroir. On la ressent à Vaugines et à Mirabeau, rendus mythiques par les tournages de « Jean de Florette » et de « Manon des Sources ». Les pierres significatives du pays d’Apt, on les arrache à la colline calcaire. De l’argile, naît la tuile canal que l’on peut observer à Cereste. La présence des gisements d’ocre induit enfin de nombreuses activités : la peinture, la décoration, la poterie sans oublier le tourisme. Parc National depuis 1977, Le Luberon travaille à la restauration des centres anciens, à l’entretien des rivières et à la protection de la faune et de la flore. Le Nord, couvert de chênes, se montre abrupte et raviné. Le sud, à l’abri du mistral, se pare de végétation méditerranéenne.

Par Laetitia Rossi - photos : J.Guillard/CDT13 - D.Lefranc/coll. CDT Vaucluse - N. et F. Michel.